Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo est tombé hier aux mains des soldats de son rival Alassane Ouattara.
Depuis quatre mois et demi, Laurent Gbagbo refusait de céder le pouvoir et d’admettre la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 28 novembre, dont le résultat a été reconnu par les Nations Unies.
Hier, une colonne d’une trentaine de véhicules blindés français appuyés par un hélicoptère s’est approchée en milieu de journée de la résidence où était retranché le président sortant dans le quartier de Cocody à Abidjan, ainsi que l’indiquait l’agence de presse Reuters. Cette résidence a été visée la veille par des raids aériens de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) et de la force "Licorne".
Le porte-parole de Laurent Gbagbo à Paris, Toussaint Alain, a déclaré que Gbagbo avait été "arrêté par les forces spéciales françaises et remis à des chefs de la rébellion".
Le ministère français de la Défense a démenti, affirmant que les militaires de "Licorne" ne sont pas entrés dans la résidence et que Laurent Gbagbo a été arrêté par les soldats d’Alassane Ouattara.
D’après son porte-parole à Abidjan, Ahoua Don Mello, Laurent Gbagbo "est sorti de son bunker et s’est rendu aux Français sans opposer de résistance". Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major français à Paris, a également dit que Laurent Gbagbo s’était rendu "peu après 15 heures aux forces républicaines de Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara."
Laurent Gbagbo "est sain et sauf, il se porte bien et sera traduit en justice", a dit au siège des Nations unies l’ambassadeur de Côte d’Ivoire, Youssoufou Bamba.
L’ancien président et son épouse Simone ont été conduits à l’hôtel du Golf, le quartier général de Ouattara, a confirmé Alain Le Roy, chargé des opérations de maintien de la paix aux Nations unies. Il a ajouté que le chef des forces pro-Gbagbo avait contacté l’Onu pour dire qu’il était prêt à déposer les armes.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a invité tous les Ivoiriens à contribuer à bâtir un avenir pacifique. Elle a souligné que la capture de Laurent Gbagbo était un signal adressé à tous les dirigeants qui s’accrochent au pouvoir en ignorant la voix populaire.
Après l’annonce de la capture, Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, a invité les derniers partisans de Gbagbo à déposer les armes. "Je m’adresse solennellement aux officiers, sous-officiers, militaires du rang de toutes les forces, je vous lance un dernier appel au ralliement. Il ne peut y avoir de chasse à l’homme, rejoignez donc les forces républicaines", a-t-il dit.
"Peuple de Côte d’Ivoire, séchez vos larmes, le cauchemar est terminé. Vive la République de Côte d’Ivoire", a ajouté le Premier ministre.
Le président français Nicolas Sarkozy a eu dans l’après-midi un long entretien téléphonique avec Ouattara. En milieu de journée, une colonne de véhicules blindés des forces françaises s’était approchée de la résidence de Gbagbo, une opération décidée pour éviter un "bain de sang", avait déclaré un porte-parole de la force "Licorne".
Quelques partisans de Gbagbo ont tenté de stopper la colonne en se mettant à genoux sur la route en priant, mais ils s’étaient rapidement dispersés quand de nouvelles fusillades ont éclaté. Un habitant de Cocody a raconté qu’une quinzaine de soldats de Gbagbo ont remis leurs armes et leurs uniformes aux militaires français. Selon une source militaire française, une centaine de soldats pro-Gbagbo se sont rendus.
Les violences à travers le pays ont fait un millier de morts depuis la fin novembre et ont forcé un million de personnes à quitter leurs foyers.
Source : le Parisien