Des heurts ont éclaté en Algérie hier, jour de l’élection présidentielle, faisant 70 blessés. Près de 51,7% des électeurs auraient participé au vote et les partisans de Bouteflika crient déjà à la victoire.
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’élection présidentielle algérienne s’est déroulée hier dans un climat très tendu. Peu après l’ouverture des bureaux de vote, des groupes de jeunes tentaient d’empêcher les électeurs de se rendre aux urnes dans trois localités du département de Bouira, à 120 km au sud-est d’Alger. Selon Libération, ils auraient ensuite saccagé des centres de vote, obligeant les gendarmes à intervenir à coups de lacrymogènes. Bilan des affrontements : 70 blessés dont 47 du côté des forces de l’ordre.
Dans ces localités, les opérations électorales ont été momentanément interrompues en raison des émeutes avant de pouvoir reprendre un peu plus tard, affirment des sources locales.
Toujours à Bouira, des jeunes ont barré la route avec des pneus brûlés tout en menaçant les automobilistes avec leurs gourdins à clous. Il a fallu également l’intervention des gendarmes pour rétablir la situation. Même topo à Alger où des manifestants " scandaient des slogans hostiles au pouvoir ", relate toujours la presse nationale.
A travers le pays, le taux de participation était relativement faible, s’établissant à 51,7% (contre 74% en 2009) selon les chiffres communiqués jeudi soir par le ministre algérien de l’Intérieur, Tayeb Bélaïz.
La mobilisation électorale la plus faible a été enregistrée dans la région de Kabylie, notamment à Bouira, théâtre de vives tensions dans la matinée de jeudi. Dans la capitale Alger, seuls 37% des électeurs ont participé au scrutin.
Alors qu’aucun résultat provisoire n’est encore disponible, les pro-régimes crient déjà à la victoire, rapporte Le Parisien. Dès hier soir, la foule était en liesse dans les rues d’Alger, animées par des cortèges arborant fièrement le drapeau algérien. Sur la place de la Grande Poste, au cœur de la capitale, des feux d’artifices ont même été lancés selon le quotidien.
Les opposants, notamment Ali Benfils, le principal challenger de Bouteflika aux élections, affirment pour leur part que le scrutin d’hier était entaché de fraude, " à grande échelle ", disent-il.
Ils accusent également le pouvoir d’avoir instrumentalisé l’appareil d’État " à des fins électoralistes ".
Dénonçant " un grand crime contre la nation ", Benflis a déclaré au cours d’une rencontre avec la presse locale qu’il compte recourir à toutes les voies légales pour faire prévaloir le choix du peuple.