Le Niger a procédé à la rebaptisation de plusieurs lieux emblématiques de la capitale. Ces changements interviennent dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays depuis le coup d’État militaire de juillet 2023.
Niamey affirme son indépendance en prenant ses distances avec l’ancien colonisateur.
Parmi les lieux renommés, on retrouve l’avenue Charles de Gaulle, qui est désormais devenue l’"Avenue Djibo Bakary". Ce changement a été réalisé en hommage à un fervent partisan de l’indépendance du Niger. Le ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime, le colonel-major Abdramane Amadou, a justifié ces transformations en évoquant "les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation".
Le monument aux morts des deux guerres mondiales a également été rebaptisé "Bubandey Batama" (à nos morts en langue djerma), en souvenir des victimes de la colonisation. Cette décision s’inscrit dans une volonté affichée de rompre avec le passé colonial et de réécrire l’histoire du Niger.
Par ailleurs, la place de la Francophonie a été renommée "Place de l’Alliance des États du Sahel". Ce choix souligne la volonté du Niger de renforcer ses liens avec les pays voisins du Sahel, également dirigés par des juntes militaires et ayant, eux aussi, rompu avec la France.
Le régime nigérien a multiplié les signes de rupture avec la France depuis le coup d’État. L’expulsion de l’ambassadeur français, la fermeture du centre culturel franco-nigérien et le retrait des forces armées françaises du territoire démontrent cette rupture.
En remplaçant le portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil par celui de Thomas Sankara, icône de la révolution burkinabè, le Niger affiche clairement son désir de s’inscrire dans une dynamique panafricaine. Le colonel Amadou a salué la "lutte de libération" et "d’émancipation des peuples" menée par Sankara.
Ces changements symboliques marquent une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays. Ils témoignent de la volonté du nouveau régime de construire un avenir indépendant, débarrassé de l’héritage colonial.