Depuis 2019, des foules vengeresses s’en sont prises à des personnes suspectées de pratiquer de la magie noire dans un village du Malawi. Le pays tente de contenir ces agressions meurtrières issues de croyances à la sorcellerie.
D’après le bilan communiqué par le Centre for Human Rights and Rehabilitation (CHRR), une ONG locale, au moins 75 personnes soupçonnées de magie noire ont été tuées par des foules vengeresses depuis 2019 au Malawi. Ces faits meurtriers ont eu lieu dans un village de 700 habitants situé sur les rives sablonneuses du lac Malawi. Pas plus tard que la semaine dernière, des villageois de Dedza (centre) ont assassiné un chef traditionnel accusé de sorcellerie, rapporte RTL citant une information de la presse locale. La police a arrêté quelques villageois pour des faits survenus au lendemain de Noël il y a trois ans après qu’une famille en deuil a été lynchée par une foule en colère. Toutefois, les personnes interpellées ont rapidement retrouvé leur liberté.
Le gouvernement du Malawi tente aujourd’hui de contenir ces faits meurtriers. Dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde, les gens sont très attachés à la croyance de la sorcellerie. Toutefois, les autorités et les ONG ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le sujet meurtrier de la sorcellerie. En décembre dernier, une commission spéciale chargée de formuler des propositions a conseillé de reconnaître l’existence de la magie. "Les croyances ne peuvent être niées par le droit", a écrit Robert Chinangwa, juge retraité de la Cour suprême. "La Commission recommande donc que la loi reconnaisse l’existence de la sorcellerie, mais rende sa pratique criminelle.", a-t-il poursuivi.
Certains observateurs pensent qu’en criminalisant la sorcellerie, les foules vengeresses réfléchiraient à deux fois avant de commettre des meurtres. Un survivant de ces faits meurtriers s’est confié en déclarant qu’il ne comprenait pas toujours les motifs qui ont déclenché les accusations de sorcellerie. "C’est dur de vivre ici après ce qui s’est passé", a-t-il lâché en retournant au village. "Mais c’est le seul foyer que nous ayons, nous n’avons pas d’autre endroit où aller", a-t-il renchéri.
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