L’eau est devenue rare au Maroc. Face à cette situation, les autorités prennent des décisions exceptionnelles, comme la rationalisation de l’eau.
De nombreux Marocains ont abandonné l’agriculture à cause des sécheresses frappant certains villages isolés. Le village d’Ouled Essi Masseoud, situé à 140 km de Casablanca, en fait partie. Ce village aux terres autrefois fertiles souffre d’un manque d’eau historique.
Privée d’eau potable courante, cette localité s’approvisionne uniquement dans les fontaines publiques ou dans les puits privés.
"Voir des villageois courant chaque matin à la fontaine ou chez un voisin pour récupérer de l’eau donne envie de pleurer. Les fontaines ne sont opérationnelles qu’un à deux jours par semaine", a confié Mohamed Sbaï.
La situation est désastreuse au regard de la position géographique d’Ouled Essi Masseoud. Il est, en effet, situé dans la province agricole de Settat, proche du barrage d’Al Massira, le deuxième plus grand du Maroc. Actuellement, ce barrage n’est plus qu’un étang bordé de terre craquelée sur plusieurs kilomètres.
Selon les derniers chiffres officiels, le taux de remplissage de ce réservoir n’atteint que 5%. Il faut rappeler que ce barrage d’Al Massira alimente en eau potable plusieurs villes, dont la capitale économique marocaine Casablanca.
Maroc connaît actuellement sa pire sécheresse depuis au moins 40 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays est largement sous le seuil de la pénurie d’eau, soit 600 mètres cubes d’eau par habitant et par an contre 1 700 m3 par habitant et par an.
Dans les années 1960, la disponibilité en eau était quatre fois supérieure. Selon un récent rapport de la Banque mondiale sur l’économie marocaine, relayé par le site tv5monde.com, cette situation place le Maroc en "situation de stress hydrique structurel".
Pour faire face à cette urgence, les autorités marocaines ont pris la décision de rationner la consommation d’eau. Le ministère de l’Intérieur a également interdit l’arrosage des espaces verts et des golfs avec de l’eau potable. Il est également interdit de prélever illégalement de l’eau dans des sources, des puits ou des cours d’eau.
"Nous sommes dans une gestion de crise plutôt que dans une gestion de risque anticipé", souligne l’expert en ressources hydriques Mohamed Jalil.
Dans le long terme, le Maroc a programmé la construction de 20 stations de dessalement d’eau de mer d’ici 2030.
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