Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans, était au pouvoir depuis 20 ans. Défié par l’armée et ciblé par une contestation populaire inédite, le président algérien a décidé de remettre, dans la soirée de mardi 2 avril, sa démission.
Après l’annonce de l’armée sur l’incapacité du chef de l’État algérien, Abdelaziz Bouteflika, ce dernier a déposé sa démission mardi soir. "Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République", a écrit l’agence de presse officielle APS, confirmant une information du Figaro.
Sa décision a été prise dans le but de contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits de tous les Algériens pour qu’ils puissent projeter l’Algérie vers un meilleur avenir.
D’après la Constitution algérienne, le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, âgé de 77 ans, qui assurera l’intérim pendant 90 jours au maximum. Il aura pour rôle d’organiser une élection présidentielle.
"Il revient aux Algériens de décider comment gérer cette transition en Algérie", a pour sa part déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino, une heure après l’annonce de la démission immédiate du chef de l’État.
De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a indiqué sa confiance quant à la capacité des Algériens à poursuivre une transition démocratique dans le calme et la responsabilité.
Le chef d’état-major des forces armées, le général Ahmed Gaïd Salah, avait demandé un peu plus tôt dans la soirée que soit déclaré "inapte à diriger le pays" le président Bouteflika. Il s’est ainsi dit être du côté du peuple, note Le Figaro.
Longtemps, un fidèle d’Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah avait critiqué certaines personnes qui voulaient faire perdurer la crise en Algérie. "Ces individus ont pour seul souci la préservation de leurs intérêts personnels étroits", ajoute-t-il, en référence à l’entourage proche du Président.
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Un concert de klaxons a suivi la démission de Bouteflika dans les rues d’Alger. Des Algérois se sont ensuite rassemblés sur le parvis de la Grande poste, épicentre des manifestations. Des millions de manifestants ont réclamé son départ depuis plus d’un mois. Des feux d’artifice ont également été tirés et certaines personnes ont brandi le drapeau national.
Toutefois, beaucoup d’entre eux veulent poursuivre les manifestations et refusent la transition prévue par la Constitution. Selon ces Algérois, cela laisserait aux commandes les acteurs du même "système". "On va marcher jusqu’au départ (...) du système. Chaque jour est une marche, on ne va pas s’arrêter", a affirmé Yacine Saidani, ingénieur de 40 ans.
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