La Sud-Africaine Karen Trendler, spécialiste des soins vétérinaires d’urgence, tire la sonnette d’alarme face au braconnage intensif dont sont victimes les rhinocéros en Afrique du Sud.
Les rhinocéros seraient menacés d’extinction en Afrique du Sud. « Je déteste être alarmiste ou envisager le pire, mais si le braconnage continue à ce rythme, dans les prochains mois, la population de rhinocéros va baisser et nous assisterons à son extinction, certains disent en 2015 », s’inquiète Karen Trendler, surnommée « Maman rhino », dans un entretien accordé à l’AFP.
La fervente défenseure des rhinocéros, âgée de 50 ans, est connue pour avoir sauvé et soigné près de 200 bébés rhinocéros entre 1990 et l’an 2000 à Pretoria. Aujourd’hui, elle prépare une campagne en vue de lever des fonds qui serviront à financer la construction d’un « orphelinat pour rhinocéros » près de Mokopane (Limpopo) dans le nord de l’Afrique du Sud.
« Nous en sommes seulement aux trois premiers mois de l’année, et il y a déjà 109 (rhinocéros) tués. Cela nous met tous tellement en colère », se désole Karen qui espère pouvoir prendre en charge les petits rhinos orphelins, avant de les relâcher dans la vie sauvage, une fois soignés et sevrés.
Plusieurs facteurs expliquent, selon cette femme, la recrudescence du braconnage. « Avec la croissance économique en Asie, les gens ont plus d’argent pour acheter des soins de médecine traditionnelle et la croyance dans les vertus de la corne contre le cancer est malheureusement en vogue », déplore l’infirmière vétérinaire.
A entendre la spécialiste des soins animaliers, les braconniers ne lésinent pas sur les moyens pour parvenir à leurs fins. « Beaucoup de réserves n’ont pas de sécurité. Les braconniers payent des gens pour leur dire où sont les rhinocéros, ils envoient un code GPS ». Autre constat plus inquiétant : « Il faut ajouter à ça l’aspect le plus sinistre de l’affaire qui consiste à faire des stocks en prévision de l’extinction de l’espèce, ou du moment où la population de rhinocéros chutera faisant monter le prix des cornes », affirme-t-elle.
« Ils embauchent des cabinets de relations publiques », dénonce « Maman rhino », qui dit ne pas comprendre pourquoi par « deux fois des réserves ont été spectaculairement attaquées, juste avant les réunions de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction ». « Dans cette affaire, il y a des gens merveilleux qui font des trucs incroyables et seraient prêts à donner leur vie pour les rhinocéros. Mais malheureusement, nous avons aussi un problème de corruption. Des poursuites et des arrestations ont révélé certaines complicités à l’échelon gouvernemental », relate Karen, qui appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités, sinon « il n’y aura plus de rhinocéros en Afrique du sud d’ici 4 ans ».