Une étude sur la mortalité infantile en Afrique subsaharienne a alerté sur la surmortalité des enfants multiples à hauteur de 21,3%. C’est trois fois plus que chez les autres enfants sans jumeau.
Un chiffre très élevé
L’Afrique est le continent qui recense des taux de
mortalité infantile les plus élevés au monde ainsi que la plus forte proportion de naissances multiples naturelles. En effet, plus d’un enfant issu de naissances multiples sur cinq (21,3%) meurt avant l’âge de 5 ans en Afrique subsaharienne. Ce chiffre élevé alerte les auteurs d’une étude rendue publique ce jeudi dans la revue médicale britannique
The Lancet. En effet, ce taux correspond à trois fois plus que chez les autres enfants (sans jumeau). En 20 ans, ce taux de mortalité infantile chez les
jumeaux a diminué d’un tiers seulement, mais il a été divisé par deux chez les autres enfants.
Les grossesses gémellaires
Pour obtenir ce chiffre, les auteurs de l’étude ont étudié les statistiques de 30 pays d’Afrique subsaharienne. Ils ont analysé 1,7 million de naissances - dont près de 57 000 jumeaux - entre 1995 et 2014. Cette tendance à la surmortalité des jumeaux ne concerne pas uniquement l’Afrique subsaharienne. Selon les régions, le risque pour les jumeaux de ne pas atteindre l’âge de cinq ans se situe entre deux et cinq fois plus. Cette situation est liée de près aux risques des grossesses gémellaires avec le faible poids du bébé ou les complications à l’accouchement.
Une population vulnérable
Pour continuer à réduire la mortalité infantile en Afrique subsaharienne, "il faut donner la priorité au diagnostic précoce des grossesses gémellaires et permettre à davantage de femmes enceintes de jumeaux d’accoucher à l’hôpital", a confié l’autre co-auteur de l’étude, Christiaan Monden, professeur à Oxford (Royaume-Uni) cité par Le Figaro. Ce dernier est toutefois conscient des importants obstacles financiers et culturels pour atteindre ces objectifs. Jeroen Smits, spécialiste d’économie du développement à l’Université Radboud de Nijmegen (Pays-Bas), coauteur de l’étude appelle toutefois à porter une attention spécifique à cette population vulnérable. Ce sera d’après lui le moyen de baisser la mortalité néonatale (avant un mois) en dessous de 12 pour 1 000 naissances dans le monde d’ici à 2030, et la mortalité avant cinq ans, sous les 25 pour 1 000.