En avril 2014, au Nigeria, 275 jeunes filles ont été enlevées par le groupe terroriste Boko Haram. Plus de deux ans après, 218 manquent toujours à l’appel, et sont devenues une "monnaie d’échange" pour le groupe terroriste.
Dimanche dernier, les filles enlevées par Boko Haram en avril 2014 sont réapparues dans une vidéo postée par leurs ravisseurs, rapporte L’Express. Les exactions du groupe terroriste ont déjà fait plus de 20 000 morts et des millions de déplacés. Plus que jamais, "les filles de Chibok" restent les symboles du conflit. Plusieurs jeunes filles ont cependant réussi à s’enfuir.
La campagne internationale "Bring back our girls" a visiblement apporté à Boko Haram une sorte de reconnaissance au groupe terroriste qui sévit dans le nord du Nigeria. Le groupe, qui a prêté allégeance à Daesh l’année dernière, traverse une grave crise de leadership. Le leader Abubakar Shekau utilise maintenant les jeunes filles pour asseoir son autorité sur son rival Abou Mosab an Baranaoui qui a reçu l’adoubement du premier groupe terroriste du monde.
"Cette vidéo est ouvertement liée à la décision de l’EI de remplacer le leader Shekau par Barnaoui. C’est aussi un message au gouvernement nigérian pour leur dire que même si Shekau a été remplacé, c’est toujours à lui qu’ils ont à faire", analyse Kyle Shideler, de Center for Security Policy (CSS).
Selon le chercheur, Abubakar Shekau rappelle aussi aux combattants de Boko Haram que le plus grand succès de propagande du groupe, l’enlèvement des filles de Chibok, s’est déroulé sous son commandement.
Les hashtags #bringbackourgirls qui appellent à leur libération ont fait des filles de Chibok l’arme la plus précieuse de Boko Haram. "C’est pour elles à la fois une bénédiction, leur "notoriété" les protégeant un peu, et un fléau, puisqu’elles sont devenues ’la’ monnaie d’échange pour Boko Haram", explique Kyle Shideler, faisant référence à la demande faite à travers cette nouvelle vidéo de libérer des combattants.
Les "filles de Chibok" ne sont malheureusement pas un cas unique. Le 14 avril, date du second anniversaire de l’enlèvement, l’Unicef rappelait que 2 000 à 7 000 femmes et jeunes filles vivent toujours en captivité, souvent mariées de force ou perpétrant des attentats suicide au nom de Boko Haram. "Chibok n’est qu’une partie de la tragédie qui s’abat sur les filles comme sur les garçons", confie Toby Fricker, qui travaille pour l’agence onusienne en poste à Abuja, au Nigeria.
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