Parce qu’il aurait "parlé légèrement" du prophète, un homme de 29 ans a été condamné à mort, une grande première en Mauritanie depuis la proclamation de son indépendance en 1960.
La Mauritanie a connu sa première condamnation à mort pour apostasie mercredi soir. "La première condamnation à mort pour apostasie de l’histoire de la Mauritanie depuis son indépendance en 1960 a été prononcée mercredi soir à Nouadhibou. Un Mauritanien, musulman, a été inculpé après un écrit considéré comme blasphématoire" confirme 20 Minutes ce mercredi. L’accusé, Mohamed Cheikh Ould Mohamed âgé de 29 ans est placé en détention depuis le 2 janvier. Le jeune mauritanien a plaidé non coupable à l’ouverture de son procès.
Que lui reproche-t-on ? Il est en effet accusé d’apostasie pour avoir "parlé avec légèreté du prophète Mahomet et enfreint aux ordres divins" dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens. D’autant plus qu’il critiquait dans son exposé des décisions prises par le prophète Mahomet et ses compagnons pendant les guerres saintes. Le prévenu s’est évanoui au moment où la sentence a été prononcée. Après avoir été réanimé, il est retourné en prison. "C’est l’affaire d’un criminel qui a eu ce qu’il mérite", a déclaré jeudi le président du parti islamiste mauritanien modéré Tewassoul.
Pour se défendre de son écrit qualifié comme blasphématoire et portant atteinte au prophète Mahomet, le jeune homme de 29 ans a nié cette accusation en argumentant qu’il ne voulait pas du tout critiquer le prophète mais défendre une composante sociale "mal considérée et maltraitée", la caste des forgerons ("maalemines"), dont il est issu. Dans un autre article controversé, le prévenu accusait la société mauritanienne de poursuivre un "ordre social inique hérité" de cette époque.
La Mauritanie est une république islamique où la charia (loi islamique) est en vigueur. Toutefois, les sentences extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ont été abolies depuis les années 1980. La peine de mort est toujours maintenue dans ce pays, dont la dernière exécution date de 1987, selon Amnesty International. A l’annonce du verdict mercredi, des scènes de joie se sont manifestées à Nouadhibou, depuis le tribunal jusque dans les rues ainsi qu’à Nouakchott, la capitale.