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C’est une affaire qui n’en finit pas. L’avocat des familles des victimes, Me Patrick Baudoin affirme que les sept moines enlevés et tués en Algérie ont été décapités après leur mort.
Nouveau rebondissement dans l’affaire des moines de Tibhirine. Plus de dix-huit ans après l’assassinant des moines de Tibhirine, la justice vient de rencontrer un nouvel obstacle. Alors qu’après des années d’attente le juge antiterroriste, Marc Trevidic a pu se rendre sur le territoire algérien pour enquêter et prélever un certain nombre d’échantillons, les autorités algériennes ont selon les premières informations relayées par l’AFP, fait preuve d’une très faible coopération.
L’équipe présente sur place est en effet rentrée abasourdie suite au refus de l’Algérie de les laisser repartir avec les échantillons des crânes des moines assassinés. Ces pièces sont pourtant essentielles pour tenter de résoudre l’énigme entourant les circonstances de la disparition des religieux dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Les juges ne pourront donc pas savoir s’ils ont été égorgés ou décapités après la mort.
Toutefois, de leur côté, les deux experts français envoyés sur place ainsi que l’avocat des victimes, Me Baudoin, déclarent que les sept moines ont été décapités post-mortem. Comme l’indique Europe 1, c’est ce qui ressort des expertises menées par les spécialistes français qui ont accompagné le juge Trevidic en Algérie. L’avocat a en outre expliqué ce jeudi que la date de la mort pourrait être antérieure au communiqué émis par le GIA (Groupe islamique armée), le 21 mai 1996.
Me Baudoin a également déploré le fait que les autorités algériennes ont refusé que le juge d’instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux. Me Patrick Baudouin a évoqué leur "terrible déception" de voir les investigations bloquées "par ce refus de transfert en France des prélèvements opérés" par l’équipe du juge Marc Trevidic. Selon lui, si ce blocage persiste "on pourra en déduire que c’est une sorte d’aveu, de reconnaissance d’une implication des services algériens".
Tout au long de l’enquête, la thèse officielle d’un crime commis par des islamistes a été remise en cause. L’enquête envisage aussi la piste d’une bavure de l’armée algérienne ou d’une manipulation des services militaires algériens pour discréditer le Groupe islamique armé (GIA) ou se débarrasser des moines.
Les expertises des crânes des moines, seules parties de leurs dépouilles retrouvées, avaient pour but de tenter d’éclairer les enquêteurs sur les conditions des assassinats, et notamment d’aider à établir si la décapitation a été réalisée avant ou après la mort des religieux. Une décapitation post-mortem pourrait accréditer la thèse d’une manipulation pour dissimuler les causes réelles de la mort et faire croire à l’implication des islamistes.