Il s’agit de responsables locaux et de journalistes guinéens, portés disparus mardi après de heurts et retrouvés morts, dans le sud du pays. La plupart des villageois ont pris la fuite.
C’est le gouvernement guinéen qui rapporte aujourd’hui le décès des sept sensibilisateurs dans le village de Womé, près de N’Zérékoré, deuxième plus grande ville de Guinée, selon Le Figaro aujourd’hui. Le village se trouve en zone forestière, d’après le ministre de la Communication Alhoussein Kaké Makanéra qui se trouvait sur place.
Les corps ont été enterrés, puis exhumés d’une fosse septique de l’école primaire. Ce sont ceux de "membres de la délégation du gouvernorat qui était allée mardi sensibiliser les populations sur comment se tenir en cette période à risques dus à l’épidémie à virus Ebola", a précisé le porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camara. "C’est vraiment triste et c’est dur à croire, mais ils ont été tués froidement par les villageois de Womé", a-t-il ajouté, assurant que le gouvernement ferait "tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes". Il a déploré "d’innocentes victimes" parmi elles figuraient des responsables de santé locaux, ainsi que des journalistes de radio.
Selon les autorités locales, au moins cinq personnes sont portées disparues depuis les heurts qui ont fait 21 blessés mardi à Womé. Le lieutenant Richard Haba, de la gendarmerie locale avait indiqué que "les villageois se sont violemment attaqués (mardi) à coups de pierres et de bâtons à la délégation conduite par le gouverneur, Lancéi Condé, faisant au moins 21 blessés".
Mercredi soir, le gouvernement guinéen a dépêché une délégation conduite par le médecin-colonel Rémy Lamah, ministre de la santé, afin de ramener le calme à Womé. Les villageois avaient érigé des barricades, "abattu des arbres pour arrêter la circulation et même cassé un pont", selon un responsable de sécurité. Les membres de l’équipe de sensibilisation étaient soupçonnés par les villageois d’être venus les tuer parce qu’Ebola n’est "qu’une invention des Blancs pour tuer les Noirs", avait expliqué le lieutenant Haba.
Le gouverneur de N’zérékoré a dénoncé sur une radio locale "des gens tapis dans l’ombre qui manipulent les populations sous prétexte que la fièvre Ebola n’est qu’une invention des Blancs", ajoutant qu’"Ebola est une maladie très dangereuse mais ceux qui croient qu’Ebola n’existe pas sont plus dangereux que la maladie elle-même".
La lutte contre Ebola, jusqu’à présent inconnue dans cette partie de l’Afrique, a rencontré des réactions de déni, parfois violentes, des populations des pays touchés. Fin août, à N’zérékoré, au moins 55 personnes avaient été blessées, et un couvre-feu avait été imposé dans la ville à la suite d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Des commerçants protestaient alors contre une équipe de santé venue, selon eux, pulvériser du produit désinfectant dans leur marché sans préavis.
A Monrovia, au Liberia, à la mi-août, des jeunes de la banlieue populaire de West avaient pris d’assaut et pillé de la literie souillée et potentiellement contaminée dans un centre d’isolement pour malades, niant la présence d’Ebola dans le pays. Il s’agit pourtant de loin du pays le plus touché par l’épidémie.