La capitale centrafricaine est le théâtre de manifestations hostiles à Paris depuis quelques jours. Celle d’hier a été pacifique, contrairement à celles de mardi et mercredi.
Sous la pluie, les habitants des Bangui ont marché sur plusieurs kilomètres, a rapporté Le Point, depuis le quartier musulman du PK5 jusqu’au siège de la Minusca (représentation de l’Onu). Ils entendaient exprimer leur colère contre l’armée française, accusée de harcèlement contre les musulmans aux cris de "Hollande criminel". Des pancartes en carton dénonçant l’opération française Sangaris et la force européenne Eufor (à majorité composée d’éléments français) ont été brandies par les manifestants. "Nous sommes toujours victimes de la France", pouvait-on lire sur l’une d’elles.
Ils se sont arrêtés devant le siège de la Minusca, où ils ont remis un mémorandum contenant leurs griefs et revendications. "On ne comprend pas la colère des Français contre les musulmans du PK5. Et on ne comprend pas non plus que devant tous ces morts et blessés, aucune autorité n’a élevé la voix", a déploré Abakar Moustapha, un notable du quartier. Un manifestant s’écriait : "Nous n’avons plus besoin des Français ici. Qu’ils s’en aillent. Ils sont la cause de tous nos malheurs". Le service d’ordre a été assuré par des éléments burundais de la Misca.
Mardi et mercredi, des heurts ont opposé des soldats français à des individus armés dans le quartier du PK5, faisant au moins 5 morts et près de quarante blessés, d’après une source hospitalière. Un calme relatif est revenu dans le quartier, où l’activité n’a cependant pas repris totalement.
Dans un autre quartier de Bangui, un incident séparé et sans connotation politique a eu lieu mercredi soir. Une grenade a été jetée au cours d’une bagarre dans une buvette à la sortie nord de Bangui, d’après la gendarmerie locale. Trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées.