L’Egypte sort de l’ère des Frères Musulmans en votant en masse pour le militaire à la retraite Abdel Fattah al-Sissi. Il s’agit d’une victoire prévisible, Sissi étant un personnage charismatique auprès de l’électorat égyptien.
C’est Le Parisien qui relate l’information sur l’annonce de la victoire du maréchal Al-Sissi dans un discours télévisé, une victoire remportée après son retrait de l’armée pour pouvoir briguer la magistrature suprême lors des élections programmées les 26, 27 et 28 mai derniers.
Restaurer la "Justice sociale" et la "liberté" est le leitmotiv de celui qui a remporté 23.780.104 de voix, alors que son unique adversaire n’en a recueilli que 757.511. Avec un taux de participation de 47,45%, Abdel Fattah al-Sissi a séduit plus d’un électeur sur deux, tandis qu’un décompte non officiel lui attribue 93,3% des votes. Al-Sissi n’a pas vraiment eu besoin de mener une véritable campagne, une très grande majorité de l’opinion publique égyptienne lui faisant confiance après son coup de force contre la confrérie des Frères musulmans et l’ancien président Morsi.
Accusé d’avoir tenté d’islamiser de force l’Egypte à un rythme effréné et d’avoir distribué tous les pouvoirs aux Frères Musulmans, Morsi a essuyé de vives critiques de la part des médias privés et publics qui ne faisaient que relayer une très grande majorité de l’opinion de la rue égyptienne.
D’après le roi d’Arabie saoudite, il s’agit d’une "victoire historique" que le monarque saoudien a saluée en premier. Les Frères Musulmans, dont l’organisation est interdite se retrouvent donc très affaiblis à l’issue de cette élection. Rappelons qu’en juillet 2012, Mohamed Morsi était le premier président démocratiquement élu en Egypte après un processus électoral où les principales forces politiques ont pu s’exprimer avec un taux de participation qui était à peine supérieur.
Une année plus tard, le départ de Morsi était scandé par des millions d’Egyptiens, le général Sissi prend les affaires en main et fit arrêter le président. Dans la foulée, une machine répressive contre les membres de la confrérie et ses partisans se mit en marche. Soldats et policiers se sont lancés dans une véritable chasse aux sorcières des vainqueurs des élections depuis la destitution du président Hosni Moubarak qui lâcha le pouvoir après la révolte populaire du début 2011. Actuellement, plus de 15. 000 Frères musulmans parmi lesquels les leaders de la confrérie qui risquent la peine de mort sont emprisonnés au bout de quelques minutes de procès. L’ancien président Moubarak est également condamné à la peine capitale à l’issue de ses procès.
Au Caire, sur la mythique place Tahrir, la foule s’est exclamée à l’annonce des résultats dans des scènes de liesse. Une mer de drapeaux égyptiens s’était agitée dans les rues de la capitale égyptienne où des danses et chants à la gloire du maréchal Sissi se faisaient entendre. De leur côté, les dizaines d’ONG dénoncent une "farce électorale" en l’absence d’une vraie opposition.