Selon l’Inca (Institut national contre le cancer), douze mois d’allaitement diminueraient le risque de cancer du sein de 4 à 5%. Les détails
Dans les pays occidentaux, le cancer du sein est une affection très fréquente : près de 12 femmes sur 100 risquent d’y être confrontées à un moment de leur existence. Près de 33 000 nouveaux cas et plus de 10 000 décès sont enregistrés chaque année. La réduction du nombre d’enfants par femme est depuis longtemps connue comme un facteur d’augmentation du risque de cancer du sein. On s’en doutait également pour l’allaitement, sans pouvoir le prouver.
C’est aujourd’hui chose faite grâce à une étude internationale visant à analyser les données de 47 essais épidémiologiques réalisés dans 30 pays. Près de 150 000 volontaires y ont participé, dont 50 000 souffraient d’un cancer du sein. Les femmes présentant ce type de cancer ont en moyenne moins d’enfants, soit 2,2 contre 2,6 chez les autres. De plus, 29% des mères ayant développé cette maladie n’ont jamais allaité, contre 21% des femmes sans cancer. Parmi celles qui ont allaité, la durée de cette période était moins longue chez les patientes ayant développé l’affection (respectivement 9,6 mois contre 15,6 mois).
Le risque d’être victime d’un cancer du sein décroît de 4,3% pour chaque année d’allaitement. A cela s’ajoute une diminution de 7% à chaque naissance. Au final, plus les femmes ont d’enfants et plus la durée de l’allaitement est longue, meilleure est la protection contre cette redoutable affection. Mais attention, les effets protecteurs de l’allaitement prolongé sont annulés chez les femmes qui fument.
Pour expliquer comment un allaitement prolongé pourrait favoriser une protection par rapport au cancer du sein, les scientifiques avancent trois hypothèses :
-La prolactine, hormone sécrétée lors de la lactation, pourrait accélérer le processus de différenciation des cellules de la glande mammaire. En effet, plus les cellules sont différenciées, moins elles risquent de proliférer en tumeur.
-Puisque le fait d’allaiter diminue l’activité d’ovulation, l’exposition aux hormones féminines, potentiellement cancérigènes, en est diminuée.
-Après l’allaitement, l’organisme se débarrasse des cellules des seins dont l’ADN a pu être endommagé, réduisant le risque de cancer du sein.
Les différentes recherches menées depuis ces dernières années offrent ainsi un élément de preuve montrant que l’allaitement maternel sur les périodes supérieures à 6 mois permettrait de protéger la mère contre les maladies graves comme le cancer du sein. Les chercheurs recommandent aux professionnels dans les hôpitaux de mettre en garde leur patiente contre les facteurs de risque spécifiques pour le cancer du sein, comme le tabagisme ou la consommation d’alcool mais aussi d’encourager les femmes à allaiter leurs enfants.