Des scientifiques américains et français ont réussi à recréer une version miniature d’un intestin fonctionnel in vitro. Cela représente une grande avancée pour la médecine régénérative, mais aidera également les scientifiques dans les études plus approfondies de cet organe vital pour l’anatomie humaine.
Une grande première vient d’être franchie dans le monde de la médecine. Des chercheurs américains du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, en collaboration avec des Australiens et des neurobiologistes de l’INSERM de Nantes, ont réussi par méthode in vitro à créer un intestin fonctionnel. Cette prouesse technologique a vu le jour grâce à des cellules souches embryonnaires. "Cette avancée a été réalisée à partir de cellules-souches pluripotentes humaines adultes, obtenues selon la méthode du japonais Yamanaka, encore appelées cellules iPS, explique Michel Neunlist, neurobiologiste à Nantes, l’un des auteurs. Pour cela, au moyen de molécules et de facteurs de croissance adéquats, nous avons orienté la spécialisation de cellules-souches en cellules épithéliales, musculaires, immunitaires et sanguines."
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Cet intestin fonctionnel possède donc son propre système nerveux, indispensable à l’absorption des nutriments et à l’évacuation des déchets au travers des voies digestives. Pour ce faire, les spécialistes américains et français ont spécialisé des cellules-souches en cellules nerveuses entériques. Les travaux ont été publiés dans la revue Nature Médecine. Pour rappel, un intestin a une surface équivalente à deux terrains de tennis. Son système nerveux a de nombreuses fonctions, dont la sécrétion d’hormones et la propulsion des aliments, au long du tube digestif. Il est donc clair que les nombreuses pathologies résultant des perturbations du système intestinal peuvent être sérieuses. C’est dans cet ordre que cet intestin en 3D a été créé.
Grâce à son observation, les scientifiques pourront mieux déterminer le fonctionnement de cet organe, mais également trouver des pistes de traitement des différentes maladies digestives. Parmi les maladies rares dont il faut trouver une solution, il y a la pseudo-obstruction intestinale chronique (trouble de la motilité gastro-intestinale) et le syndrome du grêle court (dysfonctionnement de l’intestin grêle). "On pourrait imaginer remplacer des portions d’intestin non fonctionnelles par un intestin conçu ainsi en laboratoire", explique Michel Neunlist, directeur de recherche au laboratoire Inserm de Nantes. À court terme, la création de cet intestin fonctionnel profitera à la médecine personnalisée afin de comprendre des maladies telle la constipation chronique.
Source : Sciences et avenir, La Croix, Express