Une étude sur l’anorexie mentale a décelé de nouvelles pistes pour comprendre ce mal qui toucherait surtout les jeunes filles. Selon les spécialistes, l’anorexie mentale serait un plaisir addictif de perdre du poids plutôt qu’une peur de grossir. De nouvelles thérapies pourraient être ainsi élaborées.
Le plaisir de perdre du poids expliquerait l’anorexie, plus que la peur de grossir. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Inserm (Institut national de la recherche médicale), publiée mardi dans la revue Translational Psychiatry. L’anorexie mentale relèverait donc du registre des addictions. Cette nouvelle hypothèse tend à remettre en cause les critères internationaux de diagnostic de cette maladie : "Une restriction alimentaire menant à la perte de poids, une perception déformée du poids et une peur intense de grossir", rappelle l’Inserm. Une hypothèse qui ouvre la voie à de nouvelles pistes de traitements.
Un dérèglement du "circuit de la récompense"
Pour mener l’étude, l’Inserm a réuni 70 jeunes femmes anorexiques et 20 non anorexiques. Les chercheurs se sont penchés sur leur réaction à la projection d’images de personnes en surpoids et en sous-poids. Résultat : la vision des silhouettes enveloppées ne provoque aucune réaction chez les premières comme chez les secondes. En revanche, les silhouettes d’une extrême finesse activent un principe de plaisir dans le cerveau des patientes malades, alors qu’elles ne déclenchent rien dans celui du groupe non malade. Les patientes anorexiques ressentiraient un "shoot à la maigreur", expliquent les chercheurs évoquant un dérèglement du "circuit de la récompense" observé dans les addictions.
Vers une meilleure prise en charge
Cette "très forte probabilité que l’anorexie soit du registre des addictions" devrait améliorer la prise en charge avec certaines approches thérapeutiques comme par exemple "la thérapie en pleine conscience", avance le professeur Philip Gorwood qui a conduit l’étude. Jusqu’ici, "on est très démuni au niveau thérapeutique, et aucun pays n’a de médicament ayant une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour l’anorexie", remarque-t-il.
Un tiers des patients meurent de l’anorexie
L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire particulièrement dévastateur. Cette maladie à composante génétique, qui touche 0,5% de la population générale, prédomine chez les filles (9 filles pour un garçon) principalement entre 13 et 25 ans. "Un tiers des patients en meurent, soit en se suicidant, soit directement en raison de la sous-nutrition. C’est la plus meurtrière des maladies mentales", souligne le professeur Philip Gorwood.
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