Tous les enfants turbulents ne souffrent pas de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité, et le symptôme le plus fréquent n’est pas l’agitation. La France veut améliorer le dépistage.
Le troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont mal détectés voire mal acceptés, observe TF1. La Haute autorité de santé (HAS) formule pour la première fois des recommandations pour mieux repérer et prendre en charge ces troubles.
"Notre objectif est de fournir des repères aux médecins généralistes pour qu’ils puissent mieux identifier les enfants qui en sont atteints et les adresser à des spécialistes pour une prise en charge précoce", précise le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS, l’organisme public chargé de définir les bonnes pratiques médicales.
Repérer un "TDAH", un trouble connu depuis une vingtaine d’années, n’est pas aisé car il recouvre trois symptômes différents : un manque d’attention, une agitation incessante et une impulsivité qui peuvent coexister à des degrés divers.
"Tous les enfants turbulents ne sont pas TDAH. Ce qui permet le diagnostic, c’est la lourdeur, l’intensité, la sévérité et la persistance des symptômes pendant au moins six mois", souligne le Dr Grouchka.
Et contrairement aux idées reçues, le symptôme le plus fréquent n’est pas l’agitation mais le déficit de l’attention : incapacité à terminer une tâche, oublis fréquents, le fait d’être distrait qu’on retrouve chez 47% des enfants diagnostiqués.
Trente-six pour cent souffrent principalement d’hyperactivité, les 17% restant combinent les trois symptômes. Pour qu’on puisse parler de TDAH, souligne de son côté la Haute Autorité, il doit y avoir une altération "durable et significative" du fonctionnement social, scolaire et de la qualité de vie des enfants.
Cette prise de position intervient alors qu’une vive polémique fait rage dans plusieurs pays autour du sur-diagnostic et du sur-traitement de ces troubles, certains experts allant jusqu’à contester leur réalité. Aux Etats-Unis, 11% des enfants d’âge scolaire souffriraient de TDAH, dont un million diagnostiqués et traités à tort, selon une étude publiée en 2010.
En France, la Haute autorité de santé estime qu’entre 3,5 et 5,6% des enfants scolarisés seraient touchés, soit entre 300 000 et 500 000 enfants, dont une majorité de garçons. Le diagnostic est posé en moyenne vers 9-10 ans, ce qui est parfois un peu tard, avec comme conséquence "une perte de chance" pour les enfants concernés, souligne le Dr Grouchka.
Tout retard, précise-t-il, peut aggraver les problèmes scolaires comme des redoublements ou exclusions, des troubles psychologiques comme la perte de confiance en soi, des troubles familiaux comme la contestation et les conflits et les difficultés relationnelles avec les enfants de leur âge.
La HAS estime pour sa part que la prise en charge doit "d’abord et avant tout" être "non médicamenteuse" et basée sur des "mesures diversifiées, adaptées à chaque cas". Ces mesures sont proposées par les spécialistes comme un pédopsychiatre ou un neuropédiatre. Il y a le choix entre diverses approches : psychologique, comportementale, éducative.