Invitée du New York Times, l’actrice Adèle Haenel est revenue sur l’affaire d’agression impliquant Roman Polanski, à quelques jours de la cérémonie des César.
Il ne reste plus que quelques jours avant la cérémonie des César. L’actrice française Adèle Haenel, en compétition pour le titre de la meilleure actrice, a été l’invitée du New York Times. Elle est revenue sur la polémique qui plane autour de Roman Polanski, nommé dans 12 catégories, lundi 24 février, comme le rapporte Huffpost.
"Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ’ce n’est pas si grave de violer des femmes’", a-t-elle fustigé. Elle a confié qu’à la sortie de "J’accuse", des cris à la censure ont été entendues. Pourtant, il ne s’agit pas de censurer, mais "de choisir qui on veut regarder", a-t-elle souligné.
Rappelons qu’au mois de novembre dernier, Adèle Haenel a été la première à dénoncer ouvertement le harcèlement dans le milieu du cinéma français. Dans une interview filmée par Mediapart, elle a confié avoir été victime de harcèlement sexuel et d’attouchements de la part du réalisateur français, Christophe Ruggia, à l’âge de 12 ans.
Concernant le mouvement #MeToo, le point de vue de l’actrice ne change pas : la France est à la ramasse. "C’est l’un des pays où le mouvement a été le plus suivi, sur les réseaux sociaux, mais d’un point de vue politique et médiatique, la France a complètement raté le coche", a-t-elle estimé.
Selon ses dires, beaucoup d’artistes ont confondu, ou voulu confondre le jeu sexuel et l’agression. Aussi, le débat s’est positionné sur la question de la liberté d’importuner, et sur le prétendu puritanisme des féministes. "Alors qu’une agression sexuelle est une agression, pas une pratique libertine", a-t-elle souligné en estimant que le problème doit être pris en main par la justice. En effet, Adèle Haenel a soutenu que la loi française définit le viol comme un acte sexuel commis au moyen de violence, de surprise, ou de contrainte. "Elle est centrée sur la technique employée par l’agresseur, pas l’absence de consentement de la victime", a appuyé l’actrice.
Durant cet entretien, elle n’a pas manqué d’interpeller les pouvoirs publics sur la lenteur de leur réactivité face au phénomène #MeToo. Cette réaction laisse penser que les pouvoirs publics tolèrent une marge de violence sur les femmes. "Cela reste dans une certaine mesure encore accepté", a-t-elle signifié. Elle a soutenu ses propos par la division des ministres autour du film "J’accuse" de Roman Polanski, grand favori dans les nominations aux César malgré les 12 accusations de viol contre le réalisateur.
Rappelons que le 13 février dernier, la direction de l’académie des César avait déposé sa démission collective, à seulement deux semaines de la cérémonie de ce vendredi 28 février.
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