Google a annoncé ce jeudi le lancement de Bard, son outil d’intelligence artificielle concurrent de ChatGPT, dans une cinquantaine de nouveaux pays, dont l’Union européenne et le Brésil.
Trois mois après son lancement aux États-Unis et dans 180 pays en anglais, suivi de son expansion vers les langues japonaise et coréenne, Google lance son assistant conversationnel, baptisé Bard, en France et dans 40 autres langues, telles que l’allemand, l’arabe et le chinois. Au total, Bard est désormais disponible dans environ 230 pays et territoires, incluant l’Europe et le Brésil, depuis jeudi matin, faisant ainsi concurrence à ChatGPT d’OpenAI et à Microsoft.
Pour l’Europe, il a fallu du temps à Google pour s’adapter aux exigences réglementaires, notamment en ce qui concerne le RGPD. "Par souci de responsabilité, nous voulions également prendre le temps de prendre en compte les premiers retours afin de continuer à apprendre et à améliorer la qualité et la rapidité de Bard", explique Jack Krawczyk, directeur de la gestion des produits chez Google. Le 8 février dernier, contraint d’accélérer sa feuille de route en matière de produits d’IA générative en raison de la popularité de ChatGPT, Google a fait l’amère expérience de voir son système d’Iaccessible via une URL spécifique commettre une erreur en affirmant que le télescope spatial James Webb était le premier à avoir capturé une image d’une exoplanète, alors qu’une photo avait été prise en 2004 par le Very Large Telescope (VLT), un observatoire terrestre.
Continuellement amélioré depuis lors, Google Bard se présente comme un produit distinct du moteur de recherche de Google, accessible via une URL spécifique (bard.google.com) ou depuis un compte Google sur un smartphone ou un ordinateur. Plus qu’un simple assistant conversationnel, Google le définit comme "un outil pour stimuler votre imagination", résume Jack Krawczyk. Son objectif est de vous aider à développer des idées, plutôt que de simplement répondre à des questions.
Pour Google, il est important de différencier clairement les apports de Bard par rapport à ceux de Google Search. Lorsqu’un utilisateur fait une requête, Bard propose non pas une seule réponse, mais trois formulations de réponse différentes appelées "brouillons". "C’est à l’utilisateur de décider laquelle lui convient le mieux et d’approfondir cette première réponse", explique Jack Krawczyk. En complément, l’outil propose des liens redirigeant vers Google Search (comme si vous aviez effectué une recherche sur le moteur) et offre la possibilité d’exporter les réponses vers Gmail ou Google Sheets. Les réponses peuvent également être écoutées sous forme audio. Cependant, aucune source n’est spécifiée à l’intérieur des réponses formulées par Bard.
Outre l’intégration des outils Google et le nombre de langues proposées, la principale différence entre Bard et ChatGPT est que Bard est connecté aux données d’Internet (alors que les données de ChatGPT s’arrêtent à 2021). Cela n’empêche pas Bard de donner parfois des réponses fantaisistes à certaines questions d’actualité. "Les ’hallucinations’ restent un problème non résolu dans l’industrie, que nous souhaitons évidemment améliorer", explique Jack Krawczyk. Google insiste également sur le fait que Bard reste actuellement une expérimentation.
Conformément au RGPD, les utilisateurs européens seront clairement informés, par une demande de consentement initiale, de la collecte des données de leurs requêtes et des réponses fournies par Bard. "La seule façon pour nous d’améliorer le modèle est d’obtenir les réponses aux données", justifie Jack Krawczyk. Que se passe-t-il si l’utilisateur refuse de donner son consentement ? Google assure que l’utilisateur pourra tout de même utiliser Bard. Cependant, seuls ceux qui acceptent la collecte auront la possibilité d’utiliser le produit avec ou sans sauvegarde des conversations dans leur compte Google. Par exemple, pour reprendre ou poursuivre une conversation quelques semaines ou mois après une première requête.
Quelques autres fonctionnalités seront également disponibles, mais pour le moment uniquement en anglais, telles que l’utilisation d’images dans les requêtes. Par exemple, il sera possible de prendre en photo l’étiquette d’une bouteille de vin et de demander quelles sont les meilleures associations culinaires...
L’utilisation de Bard est gratuite pour le moment. "Nous cherchons avant tout à déterminer où ce nouveau produit apporte le plus de valeur ajoutée. Nous déciderons ensuite du meilleur modèle pour le monétiser", conclut Jack Krawczyk.