SIPA-Romuald Meigneux
Sorti pour la première fois dans Le Petit Vingtaine en 1930-1931 avant de paraître en album en 1931, Tintin au Congo a été republié en novembre 2023 dans une version colorisée incluant une préface qui ravive l’époque coloniale.
La préface de cette nouvelle version colorisée de Tintin au Congo a suscité des réactions contrastées auprès du public.
Si certains estiment que c’est une tentative de réhabilitation de l’œuvre du célèbre dessinateur belge Hergé, d’autres pensent qu’elle minimise les aspects controversés de l’album. Pour l’historien Pascal Blanchard, cette introduction n’aborde pas assez les problématiques de la colonisation.
En revanche, elle a été saluée par le Conseil représentatif des associations noires (Cran). Patrick Lozès, qui en est le fondateur, estime que « cet album renvoie à une époque, heureusement révolue, où il était acceptable de considérer les Noirs comme des êtres inférieurs ». Pour lui, cette préface est essentielle pour expliquer le contexte et les problématiques de l’époque aux jeunes lecteurs.
Ce n’est pas la première fois que Tintin au Congo fait polémique. Depuis un demi-siècle, la célèbre bande dessinée est accusée de faire la gloire au colonialisme en raison de ses personnages noirs très caricaturés, voire racistes.
En 1975, Hergé s’est farouchement défendu sur le sujet en assurant qu’il ne connaissait de ce pays que ce que les gens lui racontaient. « Je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque », expliquait le dessinateur au journaliste Numa Sadoul. Auteur de la préface de 2023, Philippe Godin rejette toute accusation de racisme envers Hergé.
Il explique que l’auteur n’a pas cherché à dénigrer ou à rabaisser l’autre lorsqu’il a créé Tintin au Congo. Pour l’expert de BD, l’album doit être compris dans le contexte de son époque.
