Laure Manaudou se livre entièrement dans une autobiographie écrite à l’orée de ses 28 ans. Sa vie intime à portée de tous, la nageuse ne craint pas de choquer.
« Entre les lignes », tel est l’intitulé de l’autobiographie de la championne de natation qui est sorti ce jeudi matin. Dedans, elle partage ses amours, ses déboires, bref toute sa vie hautement colorée de sportive et de femme. C’est avec une franchise toute désarmante que Laure Manaudou raconte ses relations familiales compliquées, la publication de ses photos intimes, sa fausse couche avec pour fond ses amours tumultueuses.
Dans une interview exclusive au Parisien, elle se livre à une explication détaillée du texte. « Je n’ai pas fait ce livre comme une séance sur le divan, mais c’était important de tout raconter. C’était une thérapie pour moi. Je n’ai jamais été fière de tous mes titres, de mes médailles. Pour moi, c’était normal. Aujourd’hui, je suis encore incapable de dire : Je suis championne olympique. Je dis : J’ai gagné une médaille d’or aux Jeux. Peut-être que, quand je le relirai à 40 ans, je me dirai que mon parcours n’était pas si mal. Je n’ai pas eu peur d’en dire trop. De toute façon, avec moi, c’est tout ou rien. Ce livre, c’est 100 % moi. Il y a des fois où c’est cash, je sais que ça ne va pas être facile à lire pour certains, mais c’est mon histoire. Soit on l’accepte, soit on ne l’accepte pas. C’est vraiment moi avec les petits secrets que j’avais gardés. », révèle-t-elle
Avec forces anecdotes, comme au cours de l’obtention de son permis, la belle prend tout avec le sourire. « Tu as s... l’examinateur pour l’avoir », lui avait dit son ex Luca Marin. Et de lancer, « quand on a 20 ans et qu’on entend ça, c’est choquant. Aujourd’hui, je le prends avec le sourire. » Si la jeune femme avait beaucoup à dévoiler, elle a tout de même pris soin de faire relire son livre à sa famille. « Nos relations n’ont pas toujours été bonnes, et il y a des passages difficiles pour eux. Chez les Manaudou, on a du mal à dire je t’aime, surtout entre parents et enfants. C’est une question d’éducation », explique Laure Manaudou qui se demande si sa mère l’avait vraiment désirée. « Je venais d’avoir Manon (NDLR : sa fille née le 2 avril 2010) et c’était assez tendu avec ma mère. Elle est tombée enceinte de moi trois mois après la naissance de mon grand frère. Je n’avais pas envie de garder cette question pour moi, alors je la lui ai posée. Je pense que c’était délicat pour elle d’entendre ça. Elle m’a répondu par l’affirmative. », confie-t-elle.
Concernant ses photos intimes, elle déclare simplement, « avant, c’était tabou pour moi de parler des photos. Mais ça fait aussi partie de moi, et je dois vivre avec. Maintenant, je m’en sers pour dire aux plus jeunes ce qu’il ne faut pas faire. C’était primordial d’expliquer comment ça c’est passé. Je me suis sentie obligée de le faire, j’étais dans un truc où je ne pouvais pas revenir en arrière. J’avais 20 ans, j’étais jeune, j’étais un peu bête... »
Mais l’époque la plus marquante pour la jeune femme sera incontestablement le début de sa dépression. « Après les JO de Pékin en 2008, je ne peux pas m’empêcher de lire tout ce qu’on dit de mal sur moi. Tous les sportifs sont comme ça. Mon petit frère en ce moment fait pareil (NDLR : Florent a reconnu la semaine dernière dans le « Parisien Magazine » prendre de la créatine). On a envie de savoir ce que les gens pensent de nous pour se remettre en question et savoir ce qu’il faut faire. Inconsciemment, je m’étais dit : Bon, je suis en dépression et je vais aller encore plus bas pour voir si je peux me relever. Je vais avoir encore plus mal pour voir si je suis capable de remonter la pente. Cela ne sert à rien de lire quand on gagne. Lire il est beau fort et costaud, ça ne peut que gonfler l’ego, pas se remettre en question. », affirme la nageuse.
Le bouée de sauvetage qui a permis à Laure Manaudou de se battre ? Sa petite fille Manon. Sur ce sujet, elle lance « Avoir Manon après la dépression m’a permis de me rendre compte que j’étais capable d’autre chose que de nager, d’avoir des responsabilités. C’est elle qui m’a sauvée de tout ce tourbillon négatif. C’est aussi pour elle que je me suis remise à la natation pour perdre le poids que j’avais pris et aller aux Jeux avec son tonton. Elle m’oblige à avoir confiance pour deux. Mais, malgré la dépression, je n’ai jamais songé au suicide. Tout le monde vit des choses comme moi, plus ou moins fortes. Ce n’était pas non plus la fin du monde. Après, il y a aussi une grosse partie de mental là-dedans et ça, c’est grâce à Philippe Lucas, qui m’a forgé le caractère et le mental que j’ai aujourd’hui. C’est grâce à ça que je me suis relevée. »
Exit tous les Julien, Pierre ou Luca, la nageuse olympique qui a connu bien des déboires amoureux a appris la leçon. « J’ai toujours eu besoin d’avoir quelqu’un à côté de moi, même si ce n’était pas 24 heures sur 24, observe-t-elle. J’ai besoin d’être soutenue dans mes choix, que quelqu’un puisse croire en moi. J’ai peur de me planter et je me dis que, si on se plante à deux, c’est plus facile de se relever. Je pense avoir un peu évolué. A présent, j’écoute les gens, mais je me fais mon propre avis. J’ai compris que la personne qui me connaît le mieux, c’est moi. »
Pour ses projets futurs, la belle n’en manque pas. Elle a annoncé :« Je me cherche toujours un peu professionnellement, mais le livre m’a permis de tout mettre à plat, de faire aussi le deuil de ma carrière sportive. On se dit toujours : Je reviendrai si je n’ai rien à faire. L’envie de nager est bien partie. Mais pas de gagner. S’il y a une voiture à côté de moi et qu’on me défie sur la Corniche à Marseille, il ne faut pas m’emmerder ! J’ai toujours ce truc de challenge en tête. Quand je vois Thorpe ou Phelps (NDLR : qui se sont réfugiés dans l’alcool et autres substances), je les comprends. Quand on a été champion olympique une fois, on se dit que c’est facile. Mais c’est surtout très compliqué de vivre l’échec après les victoires. Il faut savoir se relever. »