Jalousie, comportement dévalorisant, insultes, menaces… Les violences psychologiques concernent autant les hommes que les femmes. Une étude de l’Insee révèle qu’une femme sur huit et un homme sur dix se disent victimes de ce type de violences.
La violence dans le couple ce n’est pas seulement donner des coups, bousculer, maintenir, pousser. Elle peut être plus subtile et peut-être plus dangereuse. Et elle guette les hommes comme les femmes. Il n’est pas question ici des querelles occasionnelles, des hauts et bas de toute relation, mais des attitudes sur le long terme. Contrôler, harceler, humilier, refuser écouter, blâmer, abuser, tromper, cacher, mentir, crier, intimider et manipuler psychologiquement sont des exemples d’abus dont sont victimes beaucoup de Français.
Tableau des agressions entre conjoints en 2014 et 2015
Pour la première fois, l’Insee (Institut national des statistiques et des études économiques) a tenté de mesurer l’ampleur des violences psychologiques au sein du couple. Pour cela, elle s’est servie de l’enquête Cadre de vie et sécurité réalisée chaque année avec l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), et depuis 2015 le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Elle publie les résultats de ces travaux qui révèlent qu’au cours des deux dernières années 11,6% de Français, âgés de 18 à 75 ans, déclarent être victimes de ce type de violences.
Une femme sur huit et un homme sur dix se disent victimes
Au total, 12,7% des femmes et 10,5% des hommes déclarent avoir subi au sein de leur couple ou de la part de leur ex-partenaire, des violences verbales ou des "actes de contrôle". Dans le détail, les femmes sont plus nombreuses à subir plusieurs de ces atteintes à la fois : 7,8 % d’entre elles en cumulent au moins deux, contre 5,3 % des hommes, et ces atteintes sont plus graves. Hommes et femmes sont aussi nombreux à subir des manifestations répétées de jalousie, de tentatives d’isolement de la famille ou des amis (3,8% contre 3,9%).
Les couples séparés davantage concernés
Les femmes et les hommes séparés de leur conjoint au moment de l’enquête ont déclaré, trois fois plus souvent, être victimes d’atteintes psychologiques et d’agressions verbales que ceux qui vivent encore avec leur conjoint : c’est le cas de 33% des femmes et 25% des hommes ayant été en couple mais ne l’étant plus, contre respectivement 10% et 9% de ceux qui se trouvent en couple à la date de l’enquête.
Le chômage un facteur de risque
Ces violences psychologiques sont présentes dans tous les milieux sociaux et culturels mais à différents degrés. Les familles les moins favorisées sont les plus concernées. Avoir un conjoint au chômage multiplie ainsi ce risque par 1,7 pour les femmes et 1,4 pour les hommes. Pour 18% des victimes de violences psychologiques ou d’agressions verbales, le partenaire, homme ou femme, était sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue.
L’Insee rappelle que des mots aux gestes, la frontière peut être rapidement franchie : "Si la violence psychologique peut exister séparément, elle peut être un préalable à la violence physique ou se combiner avec celle-ci. En effet, parmi les victimes ayant subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint (ou ex-conjoint), huit femmes sur dix et six hommes sur dix déclarent avoir été également soumis à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales", explique l’institut.
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