Le vendredi 13, souvent perçu comme un jour de malheur, est particulièrement redouté par ceux qui souffrent de "paraskevidékatriaphobie", une peur irrationnelle liée à cette date. Quelle est son histoire ?
La phobie du vendredi 13 porte un nom complexe : "paraskevidékatriaphobie". Ce terme est une combinaison des mots grecs anciens paraskevi (vendredi), dekatreis (treize) et phobos (peur). Il est difficile de quantifier exactement combien de personnes souffrent de ce syndrome, car il n’est pas répertorié dans les glossaires spécialisés. Selon la psychologue Laurie Hawkes, cette peur irrationnelle associée au vendredi 13 est davantage une manifestation de ce qu’on appelle la "pensée magique", un vestige de notre enfance. Pourtant, une enquête de l’institut Ifop publiée en 2022 sur "Les Français et la superstition" révèle que trois Français sur dix se déclarent superstitieux, et plus d’un quart (26%) se montre sensible au nombre 13, rapporte TF1 Info.
Alors, d’où provient cette obsession pour le nombre 13 ? Pour comprendre cette fascination, il faut remonter aux débuts du christianisme. Plus précisément, cela nous renvoie à la Cène, lorsque Jésus de Nazareth partage un dernier repas avec ses douze Apôtres. Un treizième personnage, Judas, se joint à eux, et il est devenu célèbre pour sa trahison. Le lendemain de ce repas, Jésus est crucifié, et, par coïncidence ou non, c’était un vendredi. Au fil du temps, les événements tragiques associés à cette date sont nombreux dans l’histoire récente. De nombreux sites Internet dressent la liste de ces incidents comme la naissance du fondateur du Ku Klux Klan (vendredi 13 juillet 1821), le bombardement de Buckingham Palace (vendredi 13 septembre 1940), le cyclone de Bhola au Bangladesh avec ses 500 000 victimes (vendredi 13 novembre 1970) ou encore les attentats de Paris (vendredi 13 novembre 2015).
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Aux États-Unis, cette superstition est prise très au sérieux. Certaines compagnies aériennes ont supprimé la rangée numéro 13 de leurs avions, et dans certains ascenseurs, le treizième étage est soit omis, soit remplacé par la lettre "M" (la 13e lettre de l’alphabet), ou parfois par le 14e étage. Une étude de 1987 dans le Smithsonian Magazine a révélé que la peur du nombre 13 coûtait aux États-Unis environ un million de dollars par an en raison d’absentéisme, d’annulations de billets et de ventes réduites le 13e jour du mois. Même des figures historiques comme Napoléon Bonaparte, Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt ont été touchées par cette superstition. Napoléon était obsédé par le nombre 13, tout comme Churchill et Roosevelt, ce dernier évitant de voyager le 13 du mois et refusant d’avoir 13 convives à ses repas.