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La charge mentale, longtemps associée aux femmes, devient un sujet de débat chez les pères de famille. Le concept désigne le stress psychologique engendré par la gestion simultanée de multiples responsabilités domestiques et éducatives.
Certains hommes, en s’investissant davantage dans ces tâches, déclarent en ressentir le poids. Pourtant, peut-on réellement comparer leur expérience à celle des femmes, qui cumulent historiquement emploi, charge domestique et éducative ?
L’article du Figaro intitulé ’La charge mentale des pères de famille : ce sujet tabou dont on ne parle qu’en coulisses’ a suscité des réactions vives. Certains pères, interrogés, affirment se sentir débordés par leur double rôle : assurer les revenus du foyer tout en participant activement aux tâches ménagères. Ce sentiment, pourtant sincère, a souvent été tourné en dérision sur les réseaux sociaux. Certains voient dans cette charge mentale masculine une découverte tardive de ce que vivent les femmes depuis toujours.
Selon le Dr Aurélia Schneider, psychiatre et autrice de La charge mentale des femmes et celle des hommes, la charge mentale n’est pas intrinsèquement genrée. Elle définit ce concept comme "l’incapacité de mener une tâche de bout en bout sans être interrompu par une autre préoccupation". Dans cette logique, les hommes, particulièrement ceux qui partagent la garde de leurs enfants, peuvent également en souffrir. Cependant, la spécialiste souligne que le conditionnement social et les attentes genrées influencent largement l’expérience de cette charge.
Malgré des progrès notables, notamment parmi les jeunes générations, la répartition des tâches n’est pas équitable. Les femmes consacrent toujours près de deux fois plus de temps aux tâches domestiques que les hommes. Les femmes subissent souvent un perfectionnisme socialement intériorisé. Les hommes, plus détachés, acceptent plus facilement de lâcher prise sur certaines responsabilités.
Le confinement a joué un rôle révélateur dans de nombreux foyers, obligeant les couples à se rendre compte des déséquilibres. Si certains hommes ont saisi l’ampleur de la charge mentale partagée par leur partenaire, cette prise de conscience ne garantit pas une égalité durable. Comme le souligne la journaliste Nadia Daam, les efforts masculins restent souvent limités à un soutien partiel.
La charge mentale des pères est réelle, mais elle reflète encore des rôles conditionnés par des schémas anciens. Pour atteindre l’équilibre, il est nécessaire d’ouvrir un dialogue sincère au sein des couples. Ainsi, les pères pourront véritablement partager cette responsabilité et alléger la charge des épouses pour avancer vers une répartition plus équitable.
Sources : Doctissimo, Libération