Dans le monde, il y a plus de 1750 espèces d’holothuries, autrement connues sous le nom de "concombre des mers". Avec leur corps mou et oblong, elles sont souvent comparées à des "boudins". À La Réunion, on trouve une quarantaine d’espèces différentes, dont trois en forte densité. Ce petit animal marin est essentiel pour les plages de la Réunion. On vous explique pourquoi.
Les "nettoyeuses des lagons" ?
Timothée a une dizaine d’années, et même s’il ne sait pas vraiment comment appeler ces "petits trucs qui s’accrochent aux cailloux", il connaît leur importance pour les lagons. "Ça c’est pas des concombres de mer, c’est de boudins ! Ils filtrent l’eau, mais là, je pense qu’ils étaient en train de dormir" déclare le jeune garçon.
Joséphine Pierrat, une des chercheuses en thèse, le confirme. Selon elle, les holothuries renouvellent constamment le sédiment dans le lagon. Grâce à leurs tentacules buccaux, elles vont remanier les premières couches de sédiment. À la manière des vers de terre donc, les "concombres de mers" nettoient les lagons !
Les pieds dans l’eau, petits et grands se reposent, ou presque : deux jeunes essayent de couper en deux une holothurie avec leur pelle, sans succès. Pourtant, les holothuries ont la capacité de se cloner ! Une chercheuse explique : "elles se reproduisent de deux manières : de manière sexuée et asexuée. Dans le cas de la reproduction asexuée, un individu peut se couper en deux et va ainsi régénérer deux individus complets !"
Il est donc possible pour cet animal marin de se dédoubler. Attention cependant, car ce mouvement ne peut venir que de lui et Timothée en a fait les frais : "c’est un peu gluant, une fois, j’ai essayé d’en couper en deux mais c’est hyper dur…"
Avec plus de trois individus par mètre carré, comme La Saline, La Réunion demeure l’un des lieux avec la plus forte densité d’holothuries au monde. Une des hypothèses envisagées est la teneur importante en éléments nutritifs dans l’eau des ravines. Celle-ci se déverse dans la mer et favorise la croissance des micro-organismes dont se nourrissent les "concombres de mers".
Protégées par les lagons, elles ont aussi un environnement favorable à leurs développements. Mais il ne faut pas s’y méprendre : cette espèce s’adapte à tous les climats. "On en retrouve à la fois dans les milieux polaires, tempérés et tropicaux. Elles peuvent vivre dans les récifs coralliens, comme ici, ou dans les profondeurs abyssales" conclue la chercheuse.
Dans le reste du monde, pourtant, elles sont victimes de la sur-pêche, et ce, notamment en Asie où elles sont considérées comme un plat traditionnel. Pour rappel, l’holothurie figure parmi les espèces les plus vulnérables de la faune des océans. À regarder avec les yeux donc !