Comme chaque année, la société nationale de sauvetage en mer lance un appel aux dons. Les secours en mer sont gratuits et sont incarnés par des bénévoles qui donnent de leur temps. Vivian Mailly, président de la SNSM de Sainte-Marie revient sur les actions de ses sauveteurs et rappelle que des bénévoles sont toujours recherchés.
Sur notre île, la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) est composée de trois stations (Sainte-Marie, Saint-Gilles et Saint-Pierre) et est composée de près de 120 bénévoles. Ils interviennent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 gratuitement pour le secours en mer. Par an, l’équipe basée à Sainte-Marie réalise entre 20 et 25 interventions.
Le sauvetage en mer, c’est l’aide à la sauvegarde des vies humaines en mer. En cas de soucis en mer, on est là pour aider les gens. Cette aide est gratuite. En tant que bénévole, on intervient gratuitement pour les usagers de la mer.
On a l’aide médicalisée ou l’aide sanitaire en mer. C’est toujours de l’aide aux gens de la mer. C’est une aide gratuite pour des navires qu’on croise au large. Comme dernièrement, il y a eu, ce que je peux appeller “la saison Covid”, avec les bateaux indiens. C’est bien nous, qui sommes intervenus, ce n’est pas une société privée ou le Samu. On est en première ligne et on a tendance à l’oublier. Nous ne sommes pas une société privée mais une association. Nous sommes des bénévoles comme en métropole. Il existe à peu près 240 stations et centre des de formation en France et dans les Dom-tom
Le Cross est notre donneur d’ordre. On ne peut pas intervenir sur un sauvetage en mer de manière délibérée. On passe toujours par eux, même si on reçoit un appel d’un usager, on va le faire transiter par le Cross. On peut nous appeler à n’importe quelle heure et nous sommes mobilisables en 20-30 minutes, le temps de réunir les bénévoles et de mettre le matériel en route. Sur Sainte-Marie, nous avons une vedette de Classe 2 de 10,5 mètres avec deux moteurs de 350 chevaux ce qui nous permet d’avoir une projection assez rapide sur le lieu et d’être réactif.
On réalise aussi des prestations payantes. Par exemple, pour tout ce qui est matériel. Si quelqu’un connait une avarie de moteur, de barre et demande que son matériel soit rapatrié au Port. On peut intervenir. Le Cross nous propose ou les gens nous appellent directement. Il y a une facturation qui est faite par la SNSM.
On fait aussi et on est parmi les seuls à pouvoir le faire dans la mer. Il y a les dispersions de cendres dans la mer. Des familles demandent pour leur défunt de répandre les cendres dans la mer.
Enfin, il y a tout ce qui est manifestation pour se faire connaître. Souvent, quand on part en sauvetage ou en exercice, comme il est écrit société, les gens ont tendance à penser que nous sommes des fonctionnaires de l’état. Alors que pas du tout. On est des bénévoles qui donnons gratuitement de notre temps. Cette journée permet de nous faire connaître.
Depuis 2 ans et demi, on est au port de la Rivière des Galets. Ça nous handicape. Par rapport à la côte nord, on est pratiquement à 1 heure, 1heure 30 pour rallier le port de Sainte-Marie. Pour aller à Sainte-Suzanne, il nous faudrait 2 heures et à Saint-Benoît, 3 heures. Ça rallonge les délais et ce n’est pas entendable. On a exprimé notre désarroi auprès de de direction la mer et de la Cinor qui est en charge du port de Sainte-Marie. Ils sont dans une impasse. Mécaniquement, ils n’ont pas les moyens pour désensabler le port, mais devant le port aussi.
La première chose sur laquelle les bénévoles sont formés, c’est la sécurité. Il faut savoir lire la mer. Les premières choses qu’on va apprendre sont la sécurité individuelle, sécurité collective et sécurité du matériel. Depuis que je suis président, c’est à dire 6 ans, un de mes jalons est la formation. C’est un des piliers. Sans elle, on ne peut rien faire. On ne peut projeter des gens pour intervenir, de jour comme de nuit.
Nous étions intervenus au Port, après qu’une personne s’était jetée des tétrapodes. C’est nous qui avions récupéré le corps à 2 km du large.
Une autre chose qui m’a marquée, même si ce n’est pas une grosse intervention et qui n’est pas délicate, concerne les évacuations des marins. On, en tant que territoire français et non SNSM, on n’a pas su aider ces marins infectés du variant indien. Ils étaient là et avaient besoin d’aide. Quand on essaie de les récupérer, ils ont besoin de nous. C’est une frustration, il a fallu se battre. Notre vocation est de secourir.
Dès 19 heures, nous étions prêts. Le Samu insistait sur la nécessité d’évacuer le capitaine, mais la préfecture bloquait, avançant qu’un arrêté interdisait les ressortissants indiens à rejoindre la France. Nous avons patienté plus de 3 heures. Quand nous sommes projetés vers minuit, une heure du matin, les personnes sont vraiment en détresse. Nous sommes conscients des risques et ceux du Covid. On n’intervient pas si on se met en danger. Le cœur de notre métier est l’intervention sans se mettre en danger. En intervenant en tout sécurité, et encore jusqu’à aujourd’hui, aucun de mes membres d’équipage n’a été infecté par le Covid. Quand on voit que les patients qui sont amenés à terre et qui sont renvoyés le lendemain comme de la peste sur leur navire, on a eu un peu de mal à l’accepter. Ça n’engage que moi. Je ne jette la pierre à personne. Mais, on ne peut rester indifférent.