Chaque jour, chaque semaine, chaque mois des victimes. Les violences intra-familiales, violences faites aux femmes, aux hommes, aux enfants... un fléau à La Réunion. Un phénomène qui s’est accentué depuis le premier confinement. De nouveaux moyens sont mis en place pour tenter de l’endiguer. L’objectif est surtout de libérer la parole des victimes. 49 référents sont présents dans les casernes de gendarmeries de l’île. Certaines méthodes sont expérimentées, parfois pour la première fois en France !
"C’était des insultes, tout ce que je faisais ce n’était pas bien. Il arrivait à avoir la maîtrise sur moi, c’était du matin au soir."
Pendant 15 ans, Sarah (prénom d’emprunt) a subi la violence de son compagnon. Après des années d’humiliation, elle contacte finalement une association ; c’est le déclic.
"Je n’aurai pas porté plainte. C’est grâce à eux que j’ai eu le courage de le faire "
La jeune femme a rencontré l’association dans le hall d’un supermarché transformé en cabinet d’écoute pour victimes.
"Nous ne sommes pas là pour juger mais pour accueillir dans la bienveillance. Il y a de plus en plus de femmes qui viennent, mais aussi des enfants et élèves qui viennent nous demander de l’aide, soit pour le harcèlement. Il y a de plus en plus d’enfant également qui subissent des incestes", expose Rolande Cazal, présidente de l’association féminine de l’Est (Afect).
En un an, plus de 500 victimes sont venues témoigner dans cet espace. « La parole se libère, d’où cette augmentation de plaintes, de dossiers à traiter. Les gens commencent à dénoncer ce qui se passe au sein de la famille ; les victimes n’ont plus honte et viennent de plus en plus facilement », relate Tiphanie Ridel, gendarme de Saint-Benoît.
Après cette première initiative dans un supermarché de l’Est, direction Sainte-Marie pour un nouvel outil, une expérimentation pour aider à recueillir la parole des victimes.
Depuis cinq mois, la caserne de Sainte-Marie expérimente une tablette numérique sur laquelle on mentionne la raison de la venue des personnes sur place.
"En instantanée, apparaît les informations sur un écran visionné par un chargé d’accueil qui va peut-être prendre en charge la personne", explique Isabelle Adaouste, référente de violences intra-familiales à Sainte-Marie.
"Une personne victime de violences intra-familiales va être immédiatement orientée, dès qu’elle renseigne le motif de sa venue, vers un officier de police judiciaire. La confidentialité est préservée, elle n’aura pas à annoncer ouvertement le motif de sa venue."
Seulement 15 % des révélations de violences intra-conjugales se font à la Police ou à la Gendarmerie. Depuis le début de l’année, deux femmes sont décédées sous les coups d’un proche à La Réunion.