Les acteurs de la pêche réunionnaise se regroupent pour faire reconnaître les marins comme prioritaires à la vaccination, au même titre que les professionnels de santé, les enseignants, ou certains agents des services de l’Etat dont les marins de la Marine Nationale.
Ces métiers, considérés comme indispensables à l’économie dans 55 pays exigent un éloignement limitant fortement l’accès aux soins en cas de contamination.
La situation fait écho à l’alerte lancée par l’armement réunionnais SAPMER qui a dû récemment déplorer la perte de deux marins victimes de la Covid-19.
La réactivité de l’armement des thoniers et la prise en charge rapide par les autorités de santé seychelloises n’ont pas permis de sauver les marins en opération de pêche à trois jours des côtes.
Après avoir sollicité en vain les services de l’État dès la fin février, le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CRPMEM) décide aujourd’hui de parler d’une voix commune avec le Syndicat des armements réunionnais palangriers congélateurs (SARPC), le Syndicat des marins pêcheurs de l’Océan Indien (SMPOI), le Syndicat des marins pêcheurs artisans (SYMPA) de l’Union Fédérale Maritime CFDT, la section pêches réunionnaises du Syndicat Transport Équipement de la CFDT Réunion et enfin l’Aumônerie des Gens de Mer afin de réclamer la vaccination des marins de la Réunion dans les meilleurs délais.
Les marins de la pêche hauturière sont particulièrement exposés au risque. Ils évoluent dans des zones isolées et très éloignées de toute structure de soins, tels que les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).
Le risque avait déjà été identifié au début de la crise sanitaire : lorsqu’un cas de Covid-19, sous sa forme grave, est diagnostiqué à bord, les chances de survie du marin concerné sont sérieusement amoindries faute de pouvoir rejoindre un hôpital avant plusieurs jours.
La Marine Nationale a fait vacciner en février 2021 tout l’équipage du Charles de Gaulle. Le Ministre des Armées expliquait alors que : " cette campagne de vaccination était naturelle et évidente car le Charles de Gaulle va naviguer dans des zones où il n’y a pas de possibilité d’évacuation sanitaire. La vaccination ne dispense pas du respect des gestes barrières à bord, c’est une précaution supplémentaire".
L’importance de considérer les marins comme travailleurs essentiels L’OMI (Organisation Maritime Internationale) éditait fin mars une circulaire commune avec l’OMS demandant aux gouvernements de vacciner prioritairement les gens de la mer.
"Localement, outre les conséquences sociales d’une éventuelle contamination, c’est aussi tout un pan de l’économie réunionnaise qui est mis en péril", indique le CRPMEM.
Si un marin est contaminé, c’est le navire et son équipage qui sont mis à l’arrêt pendant parfois plusieurs semaines ainsi que tous les maillons de la filière aval qui en dépendent.
Jusqu’à présent, les armements à la pêche réunionnaise n’ayant pas d’autre choix que de poursuivre leur activité, mais soucieux de préserver la santé de leurs personnels, ont mis en place leurs propres procédures (tests PCR, isolement, etc.). D’où leur incompréhension vis-à-vis de la position de l’Etat qui refuse de leur fournir les outils nécessaires à la préservation des marins et de l’économie réunionnaise.
Faute de pouvoir être vaccinés, de nombreux marins étrangers se voient refuser l’accès à leur pays d’origine depuis plusieurs mois. "La vaccination permettrait de faciliter les déplacements transfrontaliers et ainsi la gestion des relèves pour des marins dont certains sont contraints de vivre sur leur bateau jusqu’à leur retour chez eux", assure le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins.
A La Réunion, ce sont environ 350 marins pour lesquels le CRPMEM, le SARPC, le SMPOI, la CFTD Réunion, l’UFM CFDT ainsi que l’aumônerie des gens de mer réclament auprès de la Préfecture, de l’ARS et de la Direction de la Mer une vaccination urgente.