Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI lance aujourd’hui un appel à la grève pour l’ensemble des personnels infirmiers du secteur public. Ce mouvement national est relayé à La Réunion par le personnel des urgences. En cause : les mauvaises conditions d’accueil des patients, la pénibilité du travail et le manque de reconnaissance.
Service surchargé, manque de moyens et de personnel, manque de reconnaissance... Le personnel des urgences de Saint-Pierre n’en peut plus.
C’est pourquoi le collectif "Soignants au bord du gouffre" s’associe aujourd’hui au mouvement national de protestation du personnel infirmiers, qui regroupe déjà 69 collectifs - un nombre qui ne cesse d’augmenter.
Ce mardi 28 mai à 14h, les soignants du service des urgences de Saint-Pierre seront en débrayage et sortiront de l’hôpital pour aller à la rencontre de la population durant 5 minutes, afin de les sensibiliser à la situation problématique des urgences.
Les soignants des urgences de Saint-Pierre font face à une multitude de dysfonctionnements sérieux, et protestent contre les "promesses non tenues de la direction", indique un infirmier membre du Collectif "Soignants au bord du gouffre".
Le service des urgences de l’hôpital saint-pierrois dispose d’une surface permettant d’accueillir 80 personnes par jour ; or, il en reçoit 160 en moyenne. Une situation qui crée un manque de place, de brancards disponibles, et des temps d’attente pouvant aller jusqu’à 9 ou 10 heures.
Des conditions d’accueil des patients "indignes et dangereuses", souligne le membre du collectif.
"Les lacunes des urgences créent non seulement un risque pour les patients, mais aussi des conditions de travail difficiles pour le personnel".
"L’hôpital de Saint-Pierre est responsable d’un bassin de 450 000 habitants", rappelle l’infirmier. Les urgences ne sont pas équipées pour recevoir le volume quotidien des patients.
"Même avec 1 infirmier et 1 ASM en plus, ce n’est pas suffisant pour faire face à l’afflux des patients, surtout en période d’épidémie de dengue."
Surchargé et surmené, le personnel infirmier doit également faire face à des patients...de plus en plus impatients : "les gens ne veulent plus attendre", constate le soignant. En conséquence, une recrudescence d’agressions physiques envers le personnel.
"Chacun d’entre nous a porté plainte au moins une fois à la police suite à une agression par un patient."
De nombreux urgentistes s’arrêtent donc de pratiquer leur métier, temporairement (pour un arrêt maladie) ou définitivement (à la suite d’une blessure qui les empêche de pratiquer, par exemple).
Parmi leurs revendications, les soignants des urgences réclament aussi une reconnaissance de la spécificité de leur profession, avec à la clef une formation spécialisante et une revalorisation des salaires.
Ce mouvement sera suivi d’un appel à la grève générale le 5 juin prochain.