Un soldat du feu est suspecté d’être à l’origine de plusieurs incendies. En direct sur Antenne Réunion, le responsable du pôle psychiatrique CHU Sud, Laurent Denizot, a livré un éclairage sur la pyromanie.
Le caporal-chef Nirlo a avoué être à l’origine des incendies du Maïdo en 2010 et 2011. Déjà condamné le 28 janvier dernier pour avoir mis le feu au Moka, le soldat du feu serait responsable de cinq incendies. Une expertise psychologique permettra de déterminer si le mis en cause est un incendiaire ou un pyromane. Très proches dans les esprits, les deux termes sont toutefois à nuancer. Laurent Denizot, responsable du pôle psychiatrique du CHU Sud a apporté son avis sur la question, en direct sur Antenne Réunion jeudi.
Pour l’expert, comme pour la majorité des gens, difficile de concevoir qu’un pompier soit responsable d’incendies. "Un pompier a une éthique. C’est un métier qui a une grande importance sociale", a-t-il expliqué.
Laurent Denizot a démarré son analyse en partant de la définition de l’incendiaire. "Les incendiaires sont des gens qui mettent le feu pour des raisons diverses et variées, ça peut être par intérêt, par vengeance, dans un état de confusion mentale, sous l’effet d’un trouble psychotique", détaille le responsable du pôle psychiatrique du CHU Sud.
L’expert parle ainsi d’hallucinations, de délires "qui vont impliquer des voix qui vont demander de mettre le feu". C’est une fois ces causes éliminées que les professionnels parlent de pyromanie. Cette pathologique psychique se manifeste par "une impulsion chez une personne apparemment saine à mettre le feu", analyse Laurent Denizot. Les pyromanes en tirent "une jouissance". Sur ce point, le cas Nirlo interpelle et pose la contradiction entre le métier de pompier et la pyromanie.
Pour l’expert en psychiatrie, "devant une impulsion qui va déclencher des conséquences extrêmement graves pour les biens et éventuellement des personnes, on peut penser qu’il y ait un immense plaisir à passer à l’acte". La pyromanie entre ainsi dans la catégorie des perversions.
A la différence d’un incendiaire, le pyromane est selon l’expert "pleinement responsable". "Nous ne sommes pas dans les troubles majeurs de la conscience. Un pyromane a quand même à tout moment la capacité de se dire que ce qu’il va faire n’est pas bien", ajoute Laurent Denizot.
Difficile par ailleurs d’expliquer comment une personne devient pyromane et de définir un profil-type. L’expert évoque, même s’il n’y a pas de déterminants nets, "certains avatars de l’éducation, de la petite enfance, avec peut-être des parents extrêmement sévères ou extrêmement laxistes". Selon Laurent Denizot, la pyromanie se retrouve "à 99% chez les hommes, à tout âge, dans tous les registres de niveaux socio-culturels".