Un pompier de la caserne de Terre-Sainte, après une grève de la faim, a décidé de saisir la justice. Pour avoir dénoncé le manque de moyens du SDIS, il a été suspendu. Une décision qu’il a contesté ce 11 devant le tribunal administratif.
Les médailles, les félicitations du préfet, son dévouement et ses 36 années de services semblent insuffisants. Depuis le 30 mars 2021, l’adjudant-chef Anselme Télégome est suspendu de ses fonctions. "Je ne comprends pourquoi on me fait ça. Je suis perdu et ne sais plus quoi faire", précise le pompier devant le tribunal administratif.
Ce 11 juin, devant le juge des référés, il est venu contester cette suspension. "C’est une sanction déguisée pour ce pompier courageux, dévoué et volontaire. Sur sa fiche de paye, son salaire a diminué de 1000 €. Il n’a même plus de voiture. Aujourd’hui, on a dû prendre la mienne", avance son conseil Me Ben Slamia.
Le pompier ne le cache pas. Les fins de mois sont difficiles entre les charges et un divorce. La conséquence de cette suspension se traduit par un non paiement des primes.
Anselme Télégome est dans l’incompréhension. Le sapeur-pompier estime avoir toujours rempli ses missions, à savoir secourir les personnes en détresse. Le 28 octobre 2020, les pompiers sont appelés pour une noyade à Terre-Sainte, du côté de Tanambo. Une femme proche de la falaise, en ce jour où la mer est déchainée, est happée par une vague. Elle se retrouve à l’eau. Les pompiers sont appelés sur les lieux. "On a juste reçu des camions. Le bateau, qui venait de Saint-Leu, est arrivé bien trop tard. On a été obligé de sauter depuis la falaise. Ce jour-là, j’ai failli mourir trois fois, raconte l’adjudant-chef. Une vague m’a poussé au fond de l’eau. Je me suis blessé la cheville sur les rochers en sautant. Et j’ai vu des requins autour de moi".
Huit de ses collègues se retrouvent à l’eau et ne parviennent pas à sauver la femme de 22 ans. Anselme Télégome, lors d’une discussion avec la cellule psychologique mise en place suite à ce drame, pointera du doigt l’absence de moyen nautique à la caserne de Terre-Sainte. "En 1992, on avait un zodiac. J’avais pu intervenir avec un collègue à Terre-Sainte. Cette fois-là, on a pu sauver des gens", rappelle le pompier expérimenté.
À l’audience, la présence se résume à un banc laissé vide. Aucune conclusion n’a été produit et aucun représentant de l’institution n’est présent. Difficile donc de connaître les raisons de cette suspension, en tout cas à l’audience. " Le SDIS ne nous a jamais communiqué de rapports. À chaque fois, quand on veut engager la discussion, on se heurte à la politique de la chaise vide. Il y a un certain dédain de la part du SDIS", plaide la robe noire qui estime que son client est victime d’harcèlement moral.
Le tribunal administratif devrait rendre sa décision en début de semaine prochaine.