"Toutes Apôtres", c’est le nom d’un collectif qui lutte pour l’accès des femmes à des postes réservés aux hommes dans l’Eglise catholique, et plus généralement pour l’églité ses sexes dans l’instution. 7 femmes ont candidaté à des ministères qui leur sont interdits. Voici leur combat, leur démarche.
À la suite de la candidature d’Anne Soupa à l’archevêché de Lyon le 25 mai 2020, 7 femmes ont décidé, en juillet dernier, de candidater publiquement à divers ministères qui leur sont interdits au sein de l’Église catholique : ministères de diaconesse, de curée, de nonce, d’évêque ou de prédicatrice laïque.
Elles ont chacune remis à la nonciature apostolique en France un dossier personnel où elles exposent leur profession de foi, la fonction à laquelle elles candidatent et le type de service qu’elles sont capables d’assumer. Elles demandent par ailleurs à être entendues par Celestino Migliore, nonce apostolique en France, seul habilité à transmettre au Pape ces candidatures.
Ce mouvement est porté par un collectif qui lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’Eglise catholique, "Toutes Apôtres".
Plus largement, elles souhaitent mener des actions qui permettent de rendre justice à toutes les baptisées, quelles que soient leur origine, leur état civil, leur orientation de genre et leur orientation sexuelle ou leur profession.
"Toutes Apôtres", c’est le nom du collectif de femmes engagées dans l’Eglise ayant pour ambition de mettre en lien des personnes et des mouvements laïcs enagagés pour l’égalité des baptisés dans l’Eglise. "En l’absence de femmes en situation de responsabilité - que ce soit à la gouvernance de nos paroisses, de nos diocèses, au Vatican ou comme ministre ordonnés - constituent un scandale autant qu’un contre-témoignage de l’Eglise", écrit le collectif sur son site. "Cette immense injustice n’est pas un problème mineur mais blesse l’ensemble du corps ecclésial".
Il s’agit d’un "acte salutaire de désobéissance à la doxa ecclésiale", poursuivent-elle. Les membres de ce collectif demandent des réformes qu’elles considèrent comme urgentes."La discrimination dont les femmes font l’objet est l’une des plus visibles et des plus violentes", peut-on lire sur leur site. A leur yeux, pour que l’Eglise puisse accomplir sa mission, elle doit permettre aux femmes d’accéder aux différents ministères ordonnés, aussi bien aux hautes responsabilités de l’institution. "L’accès des femmes à des ministères et des responsabilités interroge précisément la structure de gouvernance actuelle de l’Église, la signification de l’ordination ainsi que celle de l’égalité entre les baptisé‧e‧s ; ce sera, à n’en pas douter, une déflagration qui permettra de réformer l’Église catholique romaine aujourd’hui exsangue".
"Cela fait 2000 ans que nous attendons, tandis que Dieu, lui, continue inlassablement d’en appeler certaines d’entre nous", écrivent ces femmes, qui considèrent que l’ouverture aux femmes) ces ministères et instances ne relève pas de la théologie ni de la spiritualité, mais est politique et culturel.
"Longues et douloureuses ont été les décennies pendant lesquelles les baptisées catholiques ont demandé poliment une réelle égalité au sein de leur Église. Elles ne sont pas reçues, à peine écoutées. Et l’on nous demande encore d’être patientes. Mais, aujourd’hui, face à l’urgence de la situation de notre Église, nous n’avons d’autre choix que de prendre à bras-le-corps ces obstacles", écrivent ces baptisées bien déterminées à faire bouger les choses, malgré les difficultés et les résistances. En effet, les femmes dans l’Eglise sont restées silencieuses pendant des siècles, et cela perdure encore aujourd’hu, "de manière diffuse", selon le collectif. "Nombreuses sont les femmes que nous avons rencontrées qui n’osent pas candidater de peur de perdre leur travail d’enseignement dans des instituts catholiques ou d’être mises à l’écart dans leurs activités. D’autres encore, malgré un appel intérieur, redoutent de sauter le pas en l’absence de tout modèle".
Heureusement, "d’autres s’attristent du manque d’attractivité des ministères, souhaiteraient de nouvelles façons de réaliser ces services et sont réduites à réinventer des pratiques aux marges de l’Église".
Et selon le collectif, les enjeux sont de taille pour l’Eglise. Il s’agit de sortir de cette gouvernance verticale et peu transparente, et d’une confusion entre le pouvoir sacré et le masculin, ainsi que de la "discrimination des personnes en raison de leur genre ou leur style de vie".
"Les profils des 7 candidates du 22 juillet 2020 ne rendent pas encore compte de la pluralité des femmes qui font l’Église et ce malgré nos efforts en ce sens", reconnaissent les membres du collectif. Pour elle, ce manque est "le fruit d’injustices structurelles tant sociales qu’ecclésiales. Si nous le regrettons et voulons que cela change à l’avenir, nous voulons affirmer aujourd’hui que nous sommes sœurs en Christ de tou‧te‧s les baptisé‧e‧s, quelles que soient leur origine, leur état civil, leur orientation de genre, leur orientation sexuelle ou leur profession".
Ainsi, elles appellent toutes les femmes à aresser leur candidature pourdes postes et rejoindre ce mouvement pour changer durablement l’Eglise.
Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion, réagit à ces renvendications. "C’est un collectif qui parle, c’est le droit de parler mais en ce qui concerne l’Eglise, regardons le fondateur de l’Eglise, il était révolutionnaire pour son époque, il avait tout un groupe de femmes qui l’accompagnaient, mais ces femmes ne faisaient pas partie du groupes des 12 apôtres que Jésus a apelés. Ce n’est pas les apôtres qui ont appelé Jésus, mais l’inverse. Et dans la primitive Eglise, il y avait des diaconesses, des femmes qui ne remplissaient pas la fonction des diacres ordonnés. C’était un peu comme des assistantes sociales, qui allaient dans les familles, regardaient les malades, et aidaient les femmes à se préparer pour le baptême en immersion. Nous sommes dans cette même tradition aujourd’hui. Je n’imagine pas une femme à ma place puisque les évêques sont les successeurs des apôtres".
Ainsi, l’évêque de La Réunion n’est pas favorable à une évolution en ce sens. "Dans la religion catholique les femmes ont une très grande importance d’abord dans le mariage, sinon il n’y aurait pas de baptême. Nous avons des bataillons de femmes en première ligne, les religieuses. Elles ont des responsabilités au plus haut niveau, et nous n’interferons pas dans une congrégation religieuse", explique Monseigneur Aubry.
"En conséquence, ne ramenons pas la question des femmes dans l’Église à un groupe de femmes qui agissent comme si elles voulaient prendre le pouvoir. Nous sommes appelés à remplir ces fonctions", poursuit l’évêque, qui ne voit donc pas d’un bon oeil ces candidatures. "Aujourd’hui les femmes ont leur place dans l’Eglise", affirme-t-il, prenant l’exemple des ensiegnements religieux, effectués essentiellement par les femmes. "Elles font passer le message comme témoins". "Ce n’est pas le titre qui compte, c’est l’être. L’Eglise a une tradition". Il attend la réflexion du Pape François sur le sujet.
Christina Moreira Vazquez est membre de "Toutes Apôtres". Elle nous en dit plus sur la démarche du mouvement. "C’est une vraie volonté de faire avancer les choses, si on appelle ça une révolution ça en sera une. Notre démarche est pour le bien de l’Eglise et pour le bien de l’humanité. Notre but : poursuivre la justice et la paix. Nous ne voulons pas être violentes".
"Aujourd’hui on n’a plus envie de s’agacer, ça fait trop longtemps, le Pape françois a fit que la porte était fermée, mais il a créé deux commissions sur le diaconat des femmes, nous entendons ce message", réagit Christina Moreira Vazquez.
Un moyen de mettre fin au manque de prêtres et à la crise de vocation ? "Ce serait le moyen de mettre à profit toutes les vocations des femmes qui sont nombreuses et puissantes", répond la religieuse. "Ça ne pourra que faire du bien à toute l’Eglise".