Malgré sa relative jeunesse, TikTok fait partie des plateformes les plus téléchargées de ces dix dernières années. En 2020, l’application avait dépassé les 2 milliards de téléchargements dans le monde et les 800 millions d’utilisateurs. Depuis bientôt un an, une tendance a vu le jour sur ce réseau social. Elle peut être décrite en une phrase : des jeunes qui se filment avant et après avoir fumé de la drogue.
Retour sur cette tendance qui peut sembler "amusante" entre amis alors même que certaines vidéos ont été vues plus de 20 millions de fois, ce qui n’est pas sans poser problème comme la consommation de stupéfiants est illégale !
Le 27 octobre 2020, une tendance a vu le jour sur TikTok. C’était la première vidéo du compte @greg.rowley. Sur celle-ci, on peut voir à tour de rôle, en face caméra, deux jeunes garçons. Ils chantent "Watermelon sugar", une musique d’Harry Styles, ancien membre du boys band américain des "One direction". Le sens de la chanson y est détourné. Au début, le garçon dit le refrain normalement, mais sur le "high" - qui est communément utilisé en anglais pour dire "plané" - il réapparaît à l’écran les yeux rouges et à moitié clos. Ensuite, son ami fait la même chose.
La vidéo est likée 18 mille fois et elle est visionnée 370 mille fois. Depuis, le groupe de garçons a continué. Aujourd’hui, leur vidéo la plus visionnée comptabilise pas moins de 21.4 millions de vues et plus de 3.2 millions de likes. La musique a été reprise pour en faire un véritable challenge. L’influenceur Bryce Hall, certifié sur TikTok, a lui aussi repris la tendance. L’hashtag "watermelonsugarhighchallenge" a été consulté plus de 234 milles fois, selon l’application.
Déjà à l’époque de Facebook, il était communément admis que "rien ne s’efface sur internet" et c’est d’autant plus vrai sur TikTok. C’est le cas d’abord parce que son algorithme ne prend pas en compte directement le nombre de followers. En ce sens, "tout le monde" peut faire le buzz mais cela ne garantit pas d’avoir autant de succès sur ces futures vidéos. Avec un tel algorithme, les garçons qui ont lancé le « watermelon sugar high » challenge ont peut-être été surpris par le succès qu’ils ont eu. Ensuite, il est possible de supprimer une vidéo mais TikTok permet en deux clics d’enregistrer des vidéos dans le fils d’actualité. Ainsi, une fois postée, la vidéo n’est plus vraiment la leur…
Aujourd’hui, beaucoup d’association, notamment de protection des mineures tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, s’afficher sur les réseaux avec des comportements illégaux aura forcément des conséquences à long terme sur la vie sociale et la santé. Elles peuvent toucher autant celle ou celui qui poste la vidéo, mais aussi ceux qui regardent et qui pourraient être influencés : TikTok c’est beaucoup d’adolescents de moins de treize ans - 45 %, selon le communiqué de l’UFC-Que Choisir.
C’est très précisément ce qu’explique Joseph Palamar, chercheur au Centre de Recherche sur la Consommation de Drogues et le VIH : "Les publications risquées sur les réseaux sociaux, y compris celles montrant des personnes sous l’emprise de drogues, ont le potentiel de causer de l’embarras, du stress et des conflits pour eux et pour ceux qui les suivent"
"Cela peut également avoir des répercussions négatives sur la carrière d’une personne, puisque la majorité des employeurs utilisent désormais les plateformes de médias sociaux pour sélectionner les candidats à l’emploi et peuvent rechercher des preuves de consommation de substances" conclue-t-il.
Finalement, cette tendance a beau avoir l’air "marrante", il y a beaucoup d’autre jeux entre amis sans conséquences néfastes. On le rappelle, si 5 jeunes réunionnais sur 10 ont testé le zamal à 17 ans, l’afficher publiquement sur les réseaux est souvent une double peine. Vigilance donc, sur TikTok !