Sur le port de Saint-Gilles, la lutte contre les violences conjugales prend de la hauteur. Une manière certaine de faire connaître les 4 chiffres "39 19" encore trop méconnus.
La parole se libère difficilement à La Réunion qui reste le troisième département où le taux de féminicides est le plus élevé. La Polynésie française est en tête de ce triste classement avec 14,2 féminicides par an pour 1 million d’habitant. La Guyane est en deuxième place.
"À La Réunion comme ailleurs, les femmes ont besoin d’un numéro pour pouvoir se libérer anonymement des violences conjugales. Je pense que c’est bien d’en parler aujourd’hui, pour que cela soit de moins en moins tabou et arrête d’être caché."
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Pour Adeline, l’opération va dans le bon sens, mais le 3919 pourrait encore mieux être mis en avant. "Ça peut être efficace après je pense qu’il faudrait le rajouter dans les numéros d’urgence comme pour les pompiers ou la police. Ce numéro là, je pense que les gens oublient."
Il faudra encore du temps pour que chacun connaisse par cœur le numéro d’écoute. Pour les associations cette opération menée par les entreprises et la société civile est inédite. Elle vise à encourager les victimes à demander de l’aide. Elles pourront désormais être entendues par des réunionnais. La tropicalisation du service d’urgence est considérée comme urgente et nécessaire.
"Les femmes sont dans un état de confusion et de vulnérabilité. Elles cherchent leurs mots et bien sûr la première langue qui vient en bouche est la langue maternelle : c’est le créole. Donc si votre interlocuteur ne maitrise pas cette langue, cela complique d’autant le travail d’orientation, d’accompagnement et de soutien." affirme Frédéric Rousset, chargé de mission au Collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales.
Sur les 15 dernières années à La Réunion, 44 femmes, 14 enfants et 8 hommes sont décédés suite à des violences conjugales. 8 auteurs de violence se sont suicidés.