Dinah est une jeune fille de 14 ans d’origine réunionnaise. Elle s’est donnée la mort début octobre après avoir été harcelée durant de nombreuses années par d’autres adolescents et adolescentes sur sa sexualité et ses résultats scolaires. Sa mère d’origine marocaine et son père Réunionnais, originaire de Bras-Panon, ont décidé de témoigner sur LINFO.re avec notre journaliste Matthieu Patou-Parvédy.
La jeune fille a été harcelée par des amis et d’autres adolescents durant de nombreuses années. Aujourd’hui, ses parents dont son père, Serge Gonthier, originaire de Bras-Panon, ont accepté de témoigner pour LINFO.re avec notre journaliste Matthieu Patou-Parvédy.
Dinah âgée de 14 ans était "la fille la plus gentille du monde", d’après son père. Une jeune fille comme une autre qui n’avait pas "une once de méchanceté envers les autres". Mais celle-ci, se faisait harceler depuis des années par des ami(e)s et d’autres adolescents. Au début du mois d’octobre, la jeune adolescente passe malheureusement à l’acte :
"La veille de son suicide, on n’avait rien remarqué chez elle. Elle était tout à fait normale, elle est rentrée du lycée. Elle nous a montré une vidéo qu’elle avait faite au lycée et elle nous a dit que tout va bien et bonne nuit. Elle s’est couchée comme la veille, comme les autres jours. Elle me disait "à demain, je commence à 8h demain matin". Ensuite ses derniers mots, "bonne nuit, je t’aime". Le lendemain on l’a retrouvé sans vie, pendue dans sa chambre", explique sa mère.
Serge Gonthier, le père de Dinah, est toujours très attristé par la perte soudaine de sa petite fille. Pour lui, c’était une fille qui voulait atteindre ses buts dans la vie :
"Elle a toujours été très ambitieuse, elle avait de très bons résultats scolaires et elle voulait atteindre ses buts dans la vie. Elle aimait aller au contact des gens, aider les personnes et elle aimait beaucoup les animaux. C’était quelqu’un de très gentille, elle n’a jamais eu une mauvaise pensée envers quelqu’un", raconte son père.
Selon son père, les jeunes adolescents l’ont harcelé pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la jeune réunionnaise avait de très bons résultats scolaires. Elle est devenue une cible pour les autres élèves de sa classe. Ensuite, lorsqu’elle a fait son coming-out :
"On lui disait qu’elle ouvrait trop sa gueule. Ça a commencé tout doucement comme ça. Un jour au collège en 4e, elle a dévoilé son orientation sexuelle et qu’elle aimait les filles. C’est à partir de là que ça a dégénéré. Elle se faisait harceler vraiment tous les jours, du matin jusqu’au soir, dans l’établissement scolaire et en dehors sur les réseaux sociaux", explique Serge Gonthier.
Les amis et autres adolescents du son ancien collège et lycée l’ont harcelé également en dehors des heures de cours. Sur les réseaux sociaux, la jeune se faisait insulter quotidiennement. Malgré tout, son collège n’a rien fait pour aider la jeune fille.
"On a souvent dénoncé les faits surtout dans son collège mais personne n’a voulu entendre ce qu’elle subissait. Pour eux, c’était des gamineries et rien de plus, l’infirmière n’a rien fait également pour ma fille", explique sa mère.
Depuis la rentrée, Dinah est entrée au lycée et pour sa mère, elle était redevenue très heureuse :
"Dans son lycée, elle avait de nouveaux amis au début donc elle pouvait enfin être qui elle voulait. Elle avait des amis, des personnes comme elles avec qui elle pouvait se confier. Mais tout a basculé le jour où elle a revu ses anciennes "amies" qui l’ont harcelé au collège. Je pense qu’à partir de ce moment-là, elle a dû se dire que ces personnes vont lui redonner une mauvaise réputation, quand elle a croisé leurs regards, elle a dû se dire "ça y est, ça va recommencer", raconte sa mère.
Ses parents souhaitent aujourd’hui mettre en lumière le harcèlement qu’a subi Dinah. Ils ont également reçu des milliers de messages de victimes de harcèlements. Sa mère souhaite, en collaboration avec une association luttant contre le harcèlement, sensibiliser le maximum les personnes, sur ce fléau : "Les jeunes ne se rendent pas compte quand ils sont derrière un écran, ils pensent qu’ils sont puissants, et ils ne réfléchissent pas aux conséquences".
Aujourd’hui, les parents de Dinah ont déposé plainte et une enquête est en cours afin de déterminer la responsabilité des personnes qui ont poussé Dinah à se suicider. Une marche blanche sera organisée le 10 novembre à La Réunion avec la famille de son père, Serge Gonthier, en mémoire de Dinah.
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