Il n’y a plus un seul vétérinaire capable de soigner les chevaux dans les secteurs Nord et Est de l’île. Il s’agit d’une pénurie aux conséquences lourdes pour les professionnels équestres. Les médecins des autres secteurs sont déjà très demandés… Alors, les acteurs de la filière sont obligés de composer avec la situation et de s’organiser autrement pour soigner les bêtes. Ce qui pourrait les placer dans l’illégalité puisque le suivi des chevaux par un vétérinaire est une obligation.
Les traces d’une blessure survenue il y a trois semaines sont encore visibles sur l’encolure d’Hermès. Ce poney de 5 ans, aurait été mordu par un autre cheval, laissant une plaie béante.
"On a dû soigner nous-même nos chevaux avec nos propres moyens, autant dans une pharmacie qu’avec des produits du style, le miel, le safran", indique Keng Sion Chane-Chick-Té, moniteur d’équitation au Club Hippique de l’Est.
"On a un autre cheval de propriétaire qui était en souffrance terrible et qu’on devait euthanasier. On a mis une semaine pour pouvoir trouver un véto qui veuille bien venir abréger ses souffrances", déplore Anne-Marie Lunis, membre du Conseil d’administration du Club Hippique de l’Est.
Depuis le décès du vétérinaire équin en charge du Nord et de l’Est, deux remplaçants se sont succédés. Cependant, depuis leur départ, plus de 500 chevaux répartis en 35 lieux de détention, se retrouvent sans soignant.
"À chaque fois qu’on a un problème, évidemment dans notre région Nord/Est, il faut qu’on appelle une personne qu’on connait un peu dans le Sud pour venir quand il peut, parce que lui aussi est chargé. Mais malheureusement après on fait de la débrouille", délcare Rico Nourry, responsable de la Ferme Équestre du Grand Étang.
Sur l’ensemble de l’île, seulement quatre vétérinaires équins exercent. Trois d’entre eux sont dans le Sud et un se trouve dans l’Ouest. Au-délà des urgences, ils sont aussi les seuls à pouvoir gérer les impératifs administratifs. "Lorsqu’on a trois équidés, on a l’obligation de déclarer un vétérinaire sanitaire. Donc là on peut pas parce que pour soigner on a pas de vétérinaire, donc vétérinaire sanitaire, on pourra pas. Les vaccinations sont obligatoires, mais on ne peut pas non plus le faire. En cas de colique, de maladie, c’est pareil, on ne peut pas soigner nos chevaux, donc ça devient très compliqué", explique Samuel Silotia, le président du Comité Régional d’Équitation 974.
Face à l’urgence de la situation, les professionnels du secteur se tournent vers la Préfecture pour réclamer un nouveau vétérinaire et vers le Département pour accompagner l’installation de ceux qui souhaiteraient prendre ce poste.