Dans un laboratoire à Saint-Pierre, une expérimentation est en cours. Depuis quelques jours, des moustiques réunionnais irradiés ont été lâchés par milliers via des drones sur Saint-Joseph. Véritable « cadeau empoisonné », s’il se reproduisent avec des femelles, elles seront contaminées. Or, les femelles contaminent ensuite les gîtes larvaires, ces foyers où naissent les moustiques. C’est une première mondiale !
Par ce procédé innovant, les scientifiques espèrent réduire la dengue, au moins à Saint-Joseph.
Pendant six semaines d’affilées, les scientifiques du laboratoire vont être aux aguets. En effet, chaque semaine, 50 000 moustiques vont être relâchés via des drones sur Saint-Joseph. L’objectif est bien d’empêcher la propagation de la dengue et du chikungunya avec ces moustiques stériles et irradiés.
Pour les irradier, le procédé n’est pas simple, mais l’enjeu est double. D’un côté, si la femelle se reproduit avec l’un des moustiques, elle ne pourra pondre de larves. D’un autre côté, la femelle sera immédiatement irradiée à son contact et irradiera le reste des gîtes larvaires où elle se rendra. À terme, donc, la population de moustique va considérablement réduire, au moins au niveau de Saint-Joseph.
Pour arriver à créer des "moustiques tueurs", il a fallu les faire irradier en Autriche. Venus de la Réunion, ils ont donc fait l’aller-retour vers l’un des rares centres en capacité de le faire. Une fois irradiés, les moustiques ont été acheminés jusqu’à la CIRAD de Saint-Pierre.
Stockés depuis six jours, ce mardi marque le début de l’expérimentation : 8 400 moustiques ont été lâchés sur Saint-Joseph. Si de tels procédés ont déjà été envisagés auparavant, la France est le premier pays à l’autoriser.