Après l’incendie qui a fait 5 victimes dans la nuit de dimanche à lundi dans un immeuble de Montgaillard, à Saint-Denis, le syndicat autonome des personnels du SDIS dénonce un manque d’effectifs sur les lieux de l’incendie. Une plainte sera d’ailleurs déposée par le syndicat pour "faire la lumière sur ce qui s’est passé ce soir-là", selon le président du syndicat autonome des personnels du SDIS, Michel Mani.
Ce lundi 13 décembre, un terrible drame s’est produit à Saint-Denis dans le quartier de Montgaillard. Cinq personnes ont perdu la vie dans un terrible incendie dans l’immeuble la Marina, à la Trinité. Plus d’une centaine de sinistrés ont été accueillis au gymnase de Champ-Fleuri. La maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, a assuré que les familles qui se retrouvent actuellement à la rue devraient être relogées d’ici dimanche dans 96 logements équipés.
L’incendie s’est produit dans la nuit de dimanche à lundi. Selon le président du syndicat autonome des personnels du SDIS, Michel Mani, au moment de l’intervention, les effectifs étaient de 12 pompiers, incluant le chef de centre. "On a un règlement opérationnel qui donne comme base des effectifs de garde de jour et de nuit et on est bien au-dessous depuis deux mois", dénonce Michel Mani. "La nuit, on doit être 17 minimum et non 12. Il y a eu une carence et une non-application des règles."
Pour Michel Mani, le manque d’effectif est "flagrant". "On ne demande pas un raz-de-marée d’employés, mais 17 minimum et 20 maximum. Dans la nuit de dimanche à lundi, il y en a eu 12. Dans le camion de Saint-Denis, ils étaient à 6. L’échelle est arrivée juste derrière et ils étaient à deux. Avec le responsable de garde, ils étaient 9 sur les lieux. Peut-on sauver un immeuble qui est en proie aux flammes avec aussi peu de personnes ?", se questionne-t-il.
"Avec de l’effectif, on aurait pu cogner à la porte des gens. Aujourd’hui, on est tristes. On a des collègues qui ont entendu des gens crier au secours. Ils ne savaient pas où mettre de la tête, car il manquait des bras, il manquait des effectifs", poursuit Michel Mani.
Le président du syndicat autonome des personnels du SDIS fait d’ailleurs savoir qu’une plainte sera déposée à l’encontre du SDIS pour "faire la lumière sur cette affaire". "On n’accuse personne. On fait confiance à la justice", tempère-t-il. Il pourrait notamment s’agir d’une plainte pour non-assistance à personne en danger. "Notre fédération de la métropole est de la partie. On a aussi nos avocats."
La plainte concernera le système opérationnel, insiste Michel Mani. "Il ne manquait pas grand-chose pour sauver la vie de ces gens-là. On veut que la procureure prenne en compte notre plainte et qu’on fasse une enquête. C’est tout ce qu’on demande. On veut la vérité pour que les gens puissent faire leur deuil.On veut savoir à qui incombe la responsabilité de ce drame", souligne-t-il.
Selon lui, les pompiers sont arrivés sur les lieux rapidement. "On ne peut rien reprocher aux pompiers. Ils ont fait leur travail. Cette enquête doit mettre en lumière les carences et la non-application des règles écrites", conclut-il.
Selon Willy Lauret, président du syndicat national des sapeurs pompiers professionnels et personnels administratifs techniques spécialisés, le syndicat dénonce ce manque d’effectifs depuis "plus de dix ans". "D’une manière générale, le manque d’effectifs entraîne une perte de compétence, une perte de rapidité", indique-t-il.
Du côté du SDIS, Frédéric Leguillier, directeur départemental du SDIS Réunion, on parle d’intervention “hors norme”. "Plus d’une centaine de sapeurs-pompiers étaient mobilisés, une panique qui concernait plus de 300 personnes en cours d’évacuation, une quinzaine de personnes à sauver en urgence sur un toit directement menacé par le sinistre et un ensemble de facteurs aggravants qui ont compliqué énormément l’intervention."
Selon Frédéric Leguillier, les secours sont intervenus dans les délais "tout à fait classiques". "On a besoin de prendre du recul et de tirer les leçons. De faire un retour d’expérience qui sera mené en profondeur avec les services prévention et les groupements chargés de la gestion des risques", assure-t-il.
Pour le directeur du SDIS, il aurait été difficile de composer autrement. "Les secours sont partis dans les délais nominaux à effectifs complets dans les engins de premier départ. Tout le sujet est là."
"Dans un premier temps, on envoie les secours les plus proches. C’est ce qui a été fait. Saint-Denis, Sainte-Marie, la Montagne et ensuite on renforce. Quand on est dans une opération de cette ampleur, que j’ai moi-même qualifiée de hors normes, on doit avoir une mobilisation départementale."
En renforts par la suite, ce sont des soldats du feu provenant de toute l’île qui ont ensuite été mobilisés. Selon le syndicat action catégorie C, l’opération a été une réussite. Dimanche soir, près de 100 pompiers sont intervenus pour éteindre les flammes et mener à bien 15 sauvetages.