À l’occasion de la semaine du créole, l’équipe de LINFO.re s’est entretenue avec plusieurs acteurs qui luttent pour faire briller la culture réunionnaise autant sur l’île qu’à l’international. Rencontre avec Stéphane Grondin, membre du groupe Mélanz Nasyon, fondateur de la Maison du maloya.
Avoir des programmations culturelles annuelles, c’est bien. Le 20 désanm, la semaine créole, la Fête de la musique, la Fête du patrimoine tout comme d’autres fêtes commémoratives, ce sont des points d’orgue. Il faut mettre en lumière à un instant T toutes les actions qui sont menées tout au long de l’année. Mais il ne faut pas faire que des actions épisodiques. La semaine créole devrait être un moment où on met de l’avant des travaux, des pratiques menées tout au long de l’année. Exposer des objets lontan, c’est bien. Mais une sensibilisation à la langue, à la culture créoles devrait être faite toute l’année.
Le maloya est l’un des éléments moteurs de notre identité réunionnaise. C’est la colonne vertébrale de notre culture. Le fait d’en parler, de mettre cette musique de l’avant, c’est ouvrir tous les champs des possibles pour faire connaître notre identité réunionnaise. C’est une musique qui s’est construite sur le terreau multiculturel qui compose le peuple réunionnais. C’est du maloya que viennent les différentes sortes de séga. Comme gramoun té i di, séga sé lo ti frèr maloya.
Oui, les gens sont un peu plus réceptifs comparativement à avant. Mais il y a toujours un travail à faire. Beaucoup ne connaissent pas les instruments avec lesquels on joue au maloya. Beaucoup de choses ne sont pas vulgarisées pour le grand public. Des supports pédagogiques devraient être distribués au plus grand nombre pour qu’on sache enfin tout ça. Toutes ces connaissances peuvent être transmises par les livres, les réseaux sociaux, Youtube... On doit avoir tous les supports possibles et imaginables.
Si un livre sur la culture réunionnaise pouvait être reconnu par l’éducation nationale et distribué dans toutes les écoles, ça serait vraiment un bel aboutissement. C’est parfois difficile, mais je ne lâche rien. J’aimerais que ce livre soit fait de manière collégiale avec plusieurs “sommités” dans différents domaines comme l’histoire, la géographie, la musique, la langue... Parfois, les gens disent que les Réunionnais ne s’aiment pas, n’aiment pas leur culture. Mé lé normal. Nou koné pa kissa nou lé. C’est le moment d’arrêter de tergiverser. Il faut aller de l’avant. Certains n’aiment pas l’écriture en KZW, d’autres disent que le créole ne se prononce pas de la même façon. Tous les goûts sont dans la nature. Il faut mettre notre pluralité de l’avant. Mais il faut mettre ma main au portefeuille pour faire concrétiser des projets qui sont présentés.
Ces dernières années, les cultures régionales sont un peu plus mises de l’avant. Ça a été un long travail. Pour maintenir une culture vivante, c’est un travail de tous les jours. Nous avons toujours été une culture dominée. Maintenant, on peut dire qu’on existe. Les gens connaissent de plus en plus notre créole maloya, notre rougail saucisse que tout le monde copie mais qui n’est jamais égalé. Notre ministre de la Culture a vu du maloya, est allée à la rencontre de ceux qui en font. Ça montre une plus grande ouverture qu’auparavant.