Faute d’eau, difficile de faire pousser forcément. Les planteurs sont inquiets pour la coupe canne notamment. La sécheresse aura forcément des conséquences sur cette campagne, voire même sur celle de l’année prochaine.
Jean-François Sababady, planteur, cultive la canne à sucre depuis près de 30 ans ; il n’a jamais vu une telle sécheresse dans l’Est.
"Ce sont des cannes coupées début août, juste après l’incendie. En tant normal, quand il pleut, ils devraient atteindre entre 80 cm et 1 mètre."
Le planteur estime une perte de 10 000 euros sur son chiffre d’affaires, car trois de ses hectares ne sont pas irrigués artificiellement et sont aujourd’hui en piteux état.
"Ma la commencé à mettre l’irrigation en 2003, les planteurs la critik a moin en disant que dans l’Est il pleut tout le temps, mais mi voulé mettre un arrosage d’appoint. Maintenant les agriculteurs i vient voir à moin pou dire que zot aussi i sa met l’irrigation", poursuit-il.
À quelques mètres de là, Dominique Gigan, a déjà perdu 300 tonnes de cannes. En tant que président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), il réclame au ministre de l’Agriculture le statut de calamité agricole.
"En Métropole quand il y a d’énormes sèches reconnues par la météo, i déclenche un dispositif. Nous aimerait aussi que ce dispositif soit déclenché à La Réunion pour mettre en place des mesures pour accompagner la perte que nous subissons."
Il faudrait, selon les agriculteurs, trois à quatre jours de pluie en continue pour éviter la perte des derniers plants. La saison 2021 serait déjà compromise.
"Sur la canne, les pertes sont flagrantes, nous sommes loin des prévisions de début de campagne. Plus on arrive vers la fin plus on se rend compte qu’il y aura moins de cannes que prévu."
"Sur les fruits et légumes, plusieurs maraîchers nous disent que c’est difficile de replanter avec le manque d’eau. Pour le moment nous ne constatons pas d’augmentation des prix mais si cela persiste", explique le secrétaire général.
"Nous sommes loin des volumes habituels. C’est une situation assez critique"
"On a rencontré le Daaf la semaine dernière pour qu’il y ait un comité d’expertise qui se réunisse rapidement."
"Mettre de l’eau coûte cher et avec la perte de canne. Il faut une meilleure gestion de l’eau avec des dispositifs innovant moins consommateur d’eau", avance Olivier Fontaine.
"Le retour à la normale ce n’est pas pour tout de suite. On n’a pas de signal de démarrage de la saison des pluies, probablement encore un mois à tenir."
"Les premières pluies de la saison des pluies apporteront un peu d’eau pour soulager les ressources des rivières notamment. Pour recharger les nappes souterraines, il en faudra plus. Tout va dépendre pour la prochaine saison des pluies du passage de dépressions tropicales à proximité de l’île ou pas", analyse-t-il.
"Les phénomènes de sécheresse ne sont pas nouveau à La Réunion. Il faut remonter assez loin pour retrouver une situation équivalente à celle d’aujourd’hui ; la dernière fois c’était au début des années 2000", rappelle François Bonnardot.