Laurence Daleau Gauvin est la première femme agrégée de langue créole à La Réunion. Fière de sa langue maternelle, elle revient sur sa place dans la vie des Réunionnais, notamment des plus jeunes, et de sa place dans le système scolaire, dans le cadre d’une entrevue pour la rubrique Koividi de LINFO.re.
En septembre 2021, Laurence Daleau Gauvin est devenue professeure agrégée de créole, après avoir été professeure des écoles. Désormais, elle enseigne le créole aux plus grands, en vue de leurs examens de créole.
"Le kréol, mwin lé né dedans. Papa ek momon la toujours koz en kréol ek nou. Ma fé ce choix de carrière parske mavé envi d’alé plu lwin dan ma langue kréol ", raconte-t-elle. Alors qu’elle était professeure des écoles, elle a commencé à parler en créole avec ses élèves, ce qui a changé l’atmosphère en classe. "Mwin la koz en kréol, la libère la parole. Bann marmay té plu à l’aise, donc mwin la kontinué."
L’intégration du créole à l’école a longtemps fait débat à La Réunion, entre ceux qui approuvaient et ceux qui considéraient cela comme un frein à la réussite scolaire.
Pour Laurence Daleau Gauvin, il est important d’apprendre le créole à l’école, car il fait partie du quotidien des Réunionnais. De plus, apprendre le créole en classe est avantageux, d’après ses observations et celles de ses collègues. "Kan bann marmay kréolophones i arrive l’ékol, lé important accueille a zot dan zot langue. Sa i rassure a zot é zot lé plus armé pou konprann le fransé", dit-elle.
Selon elle, il est important d’apprendre le créole, notamment pour les enfants francophones. "Sé inn façon intègre a zot dan la société réyonèz et konprann la culture réyonèz", ajoute-t-elle.
Si le créole à l’école fait également débat, c’est parce que beaucoup considèrent qu’il peut entraîner l’échec scolaire. "Pou mwin, l’échec scolaire lé lié avek la non-prise en compte de la langue créole", soutient Laurence Daleau Gauvin. Au cours de sa carrière, elle a d’ailleurs constaté qu’apprendre le créole à l’école permets au contraire d’avoir une meilleure maîtrise du français. C’est le meilleur moyen, selon elle, de "démay la lang."
La professeure a déjà discuté avec des parents qui ont fait le choix d’apprendre à leurs enfants à parler uniquement en français, par crainte de l’échec scolaire. Toutefois, elle ne porte aucun jugement envers eux et leur apporte des conseils. "Lé normal les parents i pense kome sa. La toujours fé grandi a nou dans l’idée ke le kréol lé vilin, i emmène pa à la réussite scolaire, pa bezwin aprann a li. Kan mi en parle avek in parent, mi essay explik a li le gayar le bilinguisme", explique-t-elle.
En effet, aux yeux de Laurence Daleau Gauvin, le bilinguisme créole-français est compliqué, car leur lexique sont proches, mais il a le mérite d’exister. "Nou lé plu riche kan nou lé bilingue. Na des études i montre ke lé marmay bilingue na de meilleurs résultats scolaires", conclut-elle.