Menée en Île-de-France et à La Réunion, une étude sur les femmes ayant accouché durant la pandémie de Covid19 a été créer en 2021. La restitution de l’étude s’est déroulée ce jeudi 12 mai au Parc Technologique Universitaire de Saint-Denis.
C’est ce jeudi 12 mai qu’a eu lieu la restitution de l’étude MATER-Covid19. Créée en Île-de-France en juin 2021 et menée à La Réunion de février à mai, cette recherche porte sur les questions de ressentis et de vécu de l’accouchement par les femmes concernées depuis le début de la pandémie. Cette étude porte aussi sur le vécu des professionnels de santé qui ont accompagné ces femmes. Clémence Schantz, sociologue, sage-femme et chargée de recherche à l’IRD, explique en détail les recherches menées.
Une grande solitude. C’est ce qui en ressort le plus dans cette étude : "D’abord une grande solitude des femmes qui a été ressentie à différents moments, explique la sage-femme, que ce soit pendant la grossesse avec des cours de préparation à l’accouchement qui ont été annulés alors que c’était très important pour certaines femmes".
"Nous avons aussi une grande solitude aussi pendant le pré-travail, continue-t-elle, où le ou la conjointe n’était pas autorisé à rester avec les femmes mais aussi en suite de couche, pendant l’hospitalisation après l’accouchement et au moment du retour à la maison. Le deuxième grand résultat c’est vraiment la souffrance des soignants qui n’a pas été prise en compte et ça a été une période très difficile pour eux aussi".
Les résultats de l’étude varient en fonction du territoire, explique la sociologue : "Ce qui commence à ressortir c’est vraiment le rôle de la famille dans la société créole, souvent les grands-mères n’ont pas pu venir dans les hôpitaux pour délivrer les bénédictions au moment de la naissance et ça a été très dur pour certaines femmes".
Elle rajoute : "Du côté des soignants c’est surtout l’insularité qui a augmenté la peur qu’ils ont eu de la pandémie avec le fait que l’on soit sur une île et qu’il n’y a pas la possibilité d’avoir d’autres recours".
Cela diffère des femmes ayant accouché dans des Maisons de Naissance de l’Ouest (MANAO) : "Les femmes ayant accouché à MANAO se sentaient dans une bulle sans covid. C’était un lieu à part où tout avait été mis en place pour que les femmes accouchent en présence de leurs conjoints et puisqu’elles repartent 3 heures après l’accouchement, à domicile, elles ont pu vivre vraiment les premières heures après l’accouchement avec la fratrie et éventuellement les grands-parents".
Menée en équipe, l’étude s’est réalisée avec l’aide d’une anthropologue, d’une sociologue et de deux étudiantes réunionnaises en école de sage-femme. Elle sera évoquée à Paris lors d’un colloque international le 8 juin prochain : "L’objectif sera de partager nos différents résultats car il y aura des chercheurs ayant mené des recherches à peu près similaires en Amérique latine, en Afrique Subsaharienne ou dans des pays d’Europe. Comme cela, on pourra émettre des recommandations au niveau du gouvernement et de l’État pour améliorer nos pratiques et le vécu des femmes et des professionnels de santé".