Tête d’affiche la plus attendue du Sakifo, Angèle, a comblé les festivaliers, vendredi soir sur la scène Salahin. Mais nettement moins les médias et la production Sakifo, tous privés de captation audiovisuelle du concert. Un exigence imposée par l’équipe de production de l’artiste belge incompréhensible au regard des milliers de post partagés en boucle sur la toile depuis hier soir.
Deux poids, deux mesures
Hier soir, pour la première soirée du Sakifo, Angèle a livré un show à l’américaine qui restera dans les annales du Festival. Mais seuls les fans présents hier soir en garderont un souvenir mémorable. A deux minutes de l’entrée sur scène de l’artiste belge, l’ensemble des médias ont eu la surprise d’apprendre de la part de la production du festival que la couverture de l’événement serait fortement contrainte, voire interdite pour les médias de l’audiovisuel.
Ainsi, le concert le plus attendu de l’année à La Réunion n’a donc pas pu être enregistré de manière qualitative ni par les chaines de télévision, ni même par la production du Festival qui fête cette année ses 20 ans. Une exigence imposée par l’équipe de production de l’artiste. Les traces médiatiques du passage de la pop-star belge seront donc quasi-inexistantes. Une situation ubuesque alors que sur les réseaux sociaux, les vidéos et les photos de qualité relative pullulent.
"Aucune vidéo du concert d’Angèle ne doit être diffusée". La consigne, on ne peut plus claire, est tombée deux minutes avant qu’Angèle n’entre sur scène. Seuls les photographes de la presse écrite ont été autorisés à shooter l’artiste durant ses trois premiers tubes. Cet impératif radical n’a nullement empêché les festivaliers de diffuser en temps réel des vidéos accessibles à tous sur le Net. Tous les réseaux sociaux regorgent d’extraits de l’événement depuis hier soir....
Mille et une stories
Après avoir interprété ses chansons sur son album ’nonante cinq’, la chanteuse a donné un show à l’américaine : backup dancers, chorégraphies millimétrées, tenues de scène signées Chanel. Tout était au top.
Des milliers de spectateurs avaient leurs smartphones dirigés vers la scène pour immortaliser ce moment. Les partages sur les réseaux sociaux se font par milliers, la plupart des festivaliers ’tag’ la chanteuse dans leurs stories, en espérant peut-être d’être reposté par la chanteuse Belge.
Liens pour les stories :
Droit à la diffusion par les médias et le festival
Pendant que les festivaliers filmaient la performance d’Angèle, les cameramans des télés et de la production se sont retrouvés au chômage technique.
" C’est là tout le paradoxe des réseaux sociaux, a commenté Clara Bizien directrice de la communication du SAKIFO, quand on sait que les spectateurs ont tout filmé avec leurs smartphones..."
Pourquoi cette mise de côté des médias et du festival ?
Avant même le début du festival, tout est censé être encadré juridiquement entre la production du Sakifo et la production d’Angèle.
Il semblerait que ce soit l’équipe de production d’Angèle qui ai eu le dernier mot à propos des droits de captation et de diffusion pour les médias. Celle-ci aurait remis à l’équipe de production du Sakifo une "convention unilatérale" posant leurs limites draconiennes.
"Notre objectif, déclare Clara Bizien, n’est évidemment pas de brider l’information. Pour nous, diffuser les images d’Angèle aurait été hyper-valorisant ! Nous sommes les premiers affectés par cette décision, et nous-mêmes nous ne pourrons pas utiliser des images de ce concert dans notre documentaire sur les 20 ans du Sakifo."
Par ailleurs, même si la production du Sakifo décline toute forme de responsabilité, il est permis de s’interroger sur le timing concernant l’annonce faite aux médias du cadre exigé pour cette couverture médiatique...
À quand une annonce conjointe de la production de l’artiste et du festival pour demander à l’ensemble des festivaliers de ranger leurs téléphones ? La situation tout aussi ubuesque aurait le mérite de mettre journalistes professionnels et apprentis reporters sur le même pied d’égalité.
Outre sa performance scénique, Angèle aura permis de mettre en lumière le décalage et le flou juridique qui existe entre les anciens et nouveaux médias.