Les risques liés aux phénomènes cycloniques pour la Réunion et les Mascareignes vont connaitre une augmentation pendant le 21e siècle. « Cela est confirmé par les modèles de prévision du climat », explique François Bonnardot, Responsable de la division Etudes et Climatologie de Météo-France Océan-Indien.
Cette hausse des risques cycloniques pour notre île est expliquée par une double tendance des phénomènes cycloniques qui se dégage depuis ces cinquante dernières années et qui représente un risque croissant pour La Réunion.
Batsirai et Emnati se sont succédés à seulement quinze jours d’intervalle et le cyclone tropical intense Vernon est déjà dans notre bassin. C’est, comme le souligne François Bonnardot, un phénomène qui n’avait pas été observé ces 40-50 dernières années.
"Doit-on en déduire que nous allons connaître plus de cyclones avec le changement climatique ? C’est très compliqué", selon notre interlocuteur à Météo-France Océan-Indien, d’affirmer un lien de causalité direct entre le réchauffement climatique et la fréquence des cyclones.
"Il n’y a pas d’évolution visible (tendance lourde) sur la fréquence des cyclones dans le bassin de l’océan indien", explique François Bonnardot. Cependant, ce dernier explique qu’il y a, en effet, une légère tendance plus au sud de la zone où les cyclones sont plus intenses. La zone où les cyclones sont le plus intense s’est déplacé de 10° vers le sud à une latitude de 20° sud où se trouve précisément les Mascareignes.
De plus, le responsable de la division Etudes et Climatologie de Météo-France Océan-Indien indique que, depuis ces cinq dernières décennies, on observe une augmentation de l’intensité des cyclones ; avec les vents maximaux au cœur des systèmes dépressionnaires qui sont à la hausse, à savoir, supérieurs à 250 km/h.
Nous devons, selon François Bonnardot, nous attendre pour le futur à des cyclones très intenses avec des vents dépassant les 300 km/h ; de quoi en faire frémir plus d’un. On peut ainsi évoquer l’ouragan Irma, qui est considéré comme l’un des plus puissants enregistrés dans l’Atlantique, avec des vents supérieurs à 300 km/h et des rafales à 360 km/h.
"Voilà donc une chose qu’on ne pouvait même pas imaginer il y a une trentaine d’années et qu’on ne peut plus se permettre d’exclure", selon le responsable de la division Etudes et Climatologie de Météo-France Océan-Indien ; des phénomènes climatiques qu’il va, aujourd’hui, nous falloir intégrer.
Un cumul de phénomènes climatiques avec plus de dégâts impactants
Dans son dernier rapport publié ce 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) tire la sonnette d’alarme sur la situation de plus en plus alarmante. Le changement climatique représente une sérieuse menace pour l’humanité et la planète. Il est urgent d’agir face aux risques croissants.
Contacté par Linfo.re, le responsable de la division Etudes et Climatologie de Météo-France Océan-Indien indique que l’île de La Réunion est totalement concernée. « La Réunion est complètement dans le phénomène du réchauffement climatique pour les décennies qui viennent », clame-t-il.
Le réchauffement, nous le savons, est déjà effectif depuis ces cinq dernières décennies avec une hausse de le température moyenne d’un peu moins de 1°C. La Réunion dispose de peu de leviers en matière d’atténuation, qui se situent plus à l’échelle mondiale. Cependant, selon François Bonnardot, il convient de se préparer à des phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus impactants en ce qu’il s’agit des dégâts en ce qu’il s’agit des secteurs climato-sensibles et des infrastructures.
Il faut s’attendre, selon notre interlocuteur, à un cumul de divers phénomènes climatiques que l’on peut déjà observer ces 10 dernières années, à savoir, des inondations et des pluies diluviennes, des glissements de terrain, des feux de forêts et des vents plus forts pendant les cyclones, entre autres.
Le niveau de la mer pourrait, quant à lui, connaitre une augmentation allant jusqu’à 40 cm en 2050, selon le rapport du GIEC publié ce 28 février ; ce qui doublera la fréquence des inondations dans une grande partie de l’océan Indien.
Selon le responsable de la division Etudes et Climatologie de Météo-France Océan-Indien, il faut s’attendre à une augmentation des contrastes avec phénomènes climatiques exacerbés et extrêmes. Il en sera de même pour les sécheresses à certaines périodes de l’année qui seront plus marqués, plus longues et plus sévères. L’agriculture et la biodiversité seront, évidemment, impactés.
« Le réchauffement climatique est en marche à La Réunion et il va continuer. Il n’y a pas de réponse simple. Il faut des études d’impact. Un processus qui a déjà commencé dans certains secteurs. Il nous faut projeter les paramètres climatiques dans le futur afin de quantifier les impacts en vue d’une stratégie d’adaptation », souligne-t-il.