À Saint-Leu, Roland et sa femme sont dans l’obligation de fermer leur établissement le temps du couvre-feu. En près de 10 ans, ils se sont constitués une clientèle du soir. Ambiance tamisée, plats raffinés et produits frais, « il était une fois » est un restaurant dans lequel les habitués de toute l’île viennent dîner et non déjeuner. Avec le couvre-feu de 18h, la donne a changé, ces professionnels sont dans une impasse.
Roland, chef cuisinier explique ne pas pouvoir ouvrir le midi : " Si je fais 5 ou 6 couverts à l’heure du déjeuner, je perds de l’argent, je fais de la cuisine qui nécessite une mise en place importante, je ne vends pas de salades, ce n’est pas mon métier ". D’autres solutions ont été proposées par la préfecture aux professionnels de la restauration pour palier au couvre feu de 18h. Ils ont notamment l’autorisation de pouvoir livrer jusqu’à 22h. Là encore, Roland ne s’y retrouve pas : " Servir une Sole fraîche de Bretagne cuisinée à la plancha et livrée chez un particulier, c’est risqué, ça ne va pas être bon ". Quant à l’achat de matériel de livraison aux normes, l’investissement « ne vaut pas le coup » selon le chef cuisinier, si le couvre feu ne dure que 15 jours.
Comme tous les professionnels de la restauration, Roland s’est adapté au protocole sanitaire pour pouvoir accueillir des clients dans son établissement. Il a ainsi retiré 3 tables sur les 9 disponibles dans son restaurant pour respecter les distanciations sociales. Respect du port du masque, mise en place du carnet de contact à remplir par les clients, ces mesures contraignantes, Roland les respecte depuis le début de la crise sanitaire. Pour lui, le couvre-feu est donc un coup dure « à ce moment là, fermons les supermarchés aussi »
Roland affirme comprendre la situation sanitaire « Il faut que le taux d’incidence baisse, ma belle mère est partie du covid, je sais de quoi je parle, mais il faut qu’on m’explique en quoi empêcher les gens de sortir le soir va résoudre le problème ». Le chef cuisinier espère pouvoir rouvrir rapidement les portes de son restaurant le soir. Depuis vendredi, premier jour de couvre feu à la Réunion, le restaurant est fermé et ne réalise aucun chiffre d’affaire.