Antenne Réunion
Des dérives, et un risque de glissement vers le travail gratuit ! Des associations montent donc au créneau contre la généralisation de la réforme du RSA, qui prévoit l’obligation de 15 heures d’activité par semaine pour les bénéficiaires, en contrepartie de leur allocation. Pour Emmaus, la Fondation Abbé Pierre et la Ligue des Droits de l’homme, la loi peut éloigner les allocataires de leurs projets d’insertion plutôt que les accompagner vers l’emploi.
L’aide tombe chaque mois, au minimum ce sont près de 600 euros qui sont versés aux bénéficiaires. Marie est allocatrice depuis plusieurs années, elle n’a jamais trouvé de travail dans son domaine, la boulangerie "Je suis suivie au Pôle Emploi, je fais mes démarches, l’actualisation pour le RSA, je ne suis pas radiée, je suis courageuse mais il faut attendre".
D’ici janvier, tous les bénéficiaires devront travailler au moins 15h par semaine pour percevoir cette aide. Le RSA sous-conditions, un dispositif expérimenté depuis plus d’un an à Saint-Leu et à Trois-Bassins "Ça permet aussi que pour ceux qui ne veulent vraiment rien faire, de les pousser vers l’emploi, donc c’est un avantage comme un inconvénient" "De base c’est pas beaucoup, mais si en plus on doit faire 15h gratuit c’est un peu abusé. Je ne fais pas de bénévolat".
Ce sont les associations qui alertent sur les dérives de ce changement, elles appellent à annuler la réforme : "Il y a 4 risques majeurs, ces heures de bénévolat soit du travail gratuit dissimulé, le deuxième c’est que les personnes n’ont pas le choix des activités à faire, le troisième c’est le fait qu’elles soient radiées et que ça aggrave la situation, et la quatrième c’est que les personnes n’acceptent pas d’emplois stables. On est plutôt sur une logique gouvernementale qui vise à s’attaquer aux pauvres plutôt qu’à la pauvreté, il est vraiment temps d’avoir des politiques gouvernementales qui s’attaquent aux causes de la pauvreté plutôt qu’aux conséquences" déclare Mathieu Hoarau, Directeur Régional de la Fondation Abbé Pierre.
Interrogé sur le sujet, Cyrille Melchior demande non pas que la réforme soit annulée, mais révisée "Il ne peut pas y avoir de sanctions parce qu’ici nous avons 94 000 personnes bénéficiaires du RSA, s’il y avait du travail pour tout le monde on serait heureux, et on sait que le monde des entreprises n’est pas capable d’absorber 94 000 bénéficiaires de RSA".
Par ailleurs France Travail estime qu’entre 2023 et 2024 à La Réunion, le nombre d’embauches a diminué de 6%.