Les manifestations d’hier auraient mobilisé entre 3000 (selon les forces de l’ordre) et 6000 personnes (selon les syndicats) à la Réunion hier. Dans l’hexagone, la bataille des chiffres a donné lieu à un plus gros écart. Le ministère de l’Intérieur tablait en effet sur moins d’1 million de manifestants pendant que les organisateurs en annonçaient 3 fois plus. A l’échelle locale, le mouvement de protestation d’hier a été marqué par le recul du nombre de manifestants et quelques débordements rue Maréchal Leclerc.
Syndicats et gouvernement affichaient leur satisfaction hier, à l’issue de cette nouvelle journée de mobilisation. Pour les premiers, le pari a été rempli dans la mesure où il est difficile de maintenir une mobilisation de cette ampleur quinze jours après une grève. Pour les autres, les chiffres en baisse témoignent que la loi sur la réforme des retraites avance. Des écarts étonnants en métropole et dans l’île qui traduisent le bras-de-fer entre organisations syndicales et pouvoir en place.
A la mi-journée, L’Elysée évoquait hier « une baisse relative » du taux de participation par rapport au 7 septembre dernier. A la Réunion, les travailleurs de la fonction publique avaient répondu à l’appel à la mobilisation à hauteur de 28%. Autre fait marquant dans l’île, les ralés-poussés qui ont eu lieu au niveau du carré piéton, rue Maréchal Leclerc à Saint-Denis. Des manifestants ont de fait contraint le personnel du magasin La Halle et celui de la Direction du travail à baisser leurs rideaux. Sous la pression et quelques injures, les employés qui ont un temps résisté ont dû interrompre leurs activités tant l’ambiance était électrique. Cet épisode de la grève avait d’ailleurs suscité de vives réactions au sein de la population, choquée par ses méthodes.
L’intervention télévisée d’Eric Woerth jeudi soir, au 20 heures de France 2 a par ailleurs montré une volonté ferme du gouvernement d’aller au bout de ce projet : « On est vigilants, on entendra tout ce qui diront les syndicats. Mais, la réforme se fera. Si ce n’est pas le cas, on ne paiera pas la retraite des Français. Nous devons réformer. Le PS ne l’a jamais fait", déclarait hier le Ministre.
L’intersyndicale se réunira ce vendredi matin pour décider des suites à donner au mouvement.
A gauche, on accuse le gouvernement de « minimiser le mouvement syndical » via la guerre des chiffres. Ségolène Royal, elle, va même jusqu’à parler une « manipulation » de la part de l’Elysée, soutenant que « partout en France, les cortèges étaient importants voire plus fournis que le 7 septembre ».
Les élus de la gauche locale ont eux aussi battu le pavé hier. Aux côtés des manifestants, on pouvait voir entre autre le conseiller général de l’opposition Michel Vergoz, le maire de Saint-André Eric Fruteau ou encore Huguette Bello qui voulait croire ardemment au pouvoir du nombre. Pour elle en effet, "le peuple français a déjà fait plier le gouvernement par le passé et il pourra le faire encore".
Les sénateurs s’exprimeront sur le projet de loi dès le 5 octobre. Les opposants à cette réforme placent dans cette prochaine étude tous leurs espoirs. De nombreux Français espèrent encore qu’ils pourront faire reculer le gouvernement comme cela a été le cas avec la réforme des CPE. Le texte a été adopté le 15 septembre à l’Assemblée. François Fillon prononcera ce matin un discours en clôture des journées parlementaires de l’UMP.