Lundi 16 février marquait le jour de la réouverture des boîtes de nuit en métropole. Ici, à La Réunion, cette réouverture n’a pas eu lieu en raison du couvre-feu à 21h qui est toujours d’actualité. Plusieurs gérants de boîtes de nuit ont réagi et dénoncent deux poids deux mesures.
La crise sanitaire a mis à mal de nombreux secteurs de l’économie et le monde de la nuit n’a pas été épargné. La fermeture forcée des établissements a engendré de lourdes pertes du côté des professionnels du milieu. Aujourd’hui, à La Réunion, tous espèrent une réouverture dès la levée des mesures de couvre-feu. Selon Angel Porras, président de la branche bar brasserie discothèque UMIH 974, la fermeture forcée des établissements est en train de les tuer à petit feu : "Sur 1600 discothèques, on en a perdu 300 en métropole. Ici à La Réunion, on a 4 ou 5 établissements qui ne sont pas sûrs de pouvoir rouvrir".
La réouverture des boîtes de nuit en métropole intervient dans un contexte de levée progressive des restrictions sanitaires. Pour le moment, à La Réunion, l’état d’urgence est toujours d’actualité, ainsi que le couvre-feu à 21h. Une réouverture des établissements de nuit n’est donc pas envisageable tant que ces mesures resteront en vigueur.
Parmi les gérants de ces établissements, on peut entendre différents sons de cloches. Certains voient cette réouverture comme un espoir pour la reprise de leur activité : "On voit ça d’un bon œil, c’est bien qu’ils aient la possibilité de travailler. Bien sûr, on préférerait tous être rouverts au même moment", souligne Olivier Blondet, gérant du Honey club à Saint-Denis. Pour Angel Porras, cette décision relève de la discrimination : "On a plus été pénalisé qu’en métropole, ils ont tendance à oublier que La Réunion c’est la France".
Les deux gérants d’établissement souhaitent une réouverture le plus tôt possible, comme le fait savoir Angel Porras : "On a subi à La Réunion des fermetures répétées et on demande qu’après la levée du couvre-feu, les boîtes de nuit rouvrent". Ce dernier pointe également du doigt l’hypocrisie de la situation actuelle et le respect relatif des mesures de couvre-feu : "Tous les week-ends on voit des vidéos où les gens font la fête". Olivier Blondet dénonce également une "démoralisation des équipes" face à cette impossibilité d’ouvrir. Il déplore : "j’ai lancé ma société un an avant le Covid donc j’ai plus de temps de fermeture que d’ouverture. On est sur bientôt deux ans de fermeture".
Le vendredi 18 février, le préfet, Jacques Billant, annonçait la possible levée du couvre-feu, ainsi que la possible réouverture des discothèques à compter du 28 février. Pour le gérant du Honey club, la reprise de son activité pourrait avoir lieu plutôt vers la fin du mois de mars avec la levée de l’état d’urgence sanitaire sur l’île. Quant au président de la branche bar brasserie discothèque UMIH 974, ce dernier souhaite tout de même remercier l’État pour l’aide qu’il a accordé à ses établissements : "ce que l’État fait est extraordinaire, mais il ne faut pas nous lâcher. Ce serait dommage d’avoir autant dépensé pour la sauvegarde des entreprises sans les accompagner derrière. L’aide doit perdurer après la réouverture".
Tous les patrons d’établissements espèrent donc une réouverture pérenne tout en se pliant aux contraintes liées à la pandémie : "Nous, on veut bien le protocole, mais pas le masque, car c’est inapplicable. D’autant plus qu’on renouvelle l’air toutes 8 minutes", déclare Angel Porras. Pour ces amoureux de leur travail, la fermeture forcée qui les contraint à l’arrêt de leur activité est un déchirement : "On fait ce métier parce qu’on l’aime, c’est donc encore plus dur de ne pas pouvoir l’exercer", déplore Olivier Blondet.
Guillaume Caras