Jeudi 6 mai, les bars et restaurants ont rouvert à La Réunion. Abaissé à 21 heures, le couvre-feu laisse plus de liberté notamment pour se retrouver en famille ou entre amis. Mais ce "retour à la vie normale" n’a pas que des effets positifs sur la santé. Très attendu, l’allégement des mesures sanitaires est à l’origine d’une augmentation de la consommation d’alcool, "par compensation", explique un docteur.
Le docteur Mété, chef du service addictologie du CHU Nord, répond à nos questions. S’il traite déjà les patients impactés par le confinement, la réouverture des bars pourrait être à l’origine de nouvelles consultations...
Commence le docteur. Selon lui, même si la culture des bars est historiquement plus importante en métropole, l’effet de compensation risque aussi d’impacter l’île. "La consommation va probablement être plus importante, les gens vont se lâcher", explique-t-il.
Pour l’instant, aucun patient n’est "encore" traité à cause de la reprise des restaurants et des buvettes. Pourtant, le docteur dit avoir déjà constaté "une aggravation des comportements addictifs anciennement non pathologiques". Ainsi, dans certains cas, la réouverture des bars semble bien provoquer une "rechute".
Le Dr. Mété compare ce phénomène "au premier jour de versement du RSA". À cette occasion, les services d’urgences sont souvent en état d’alerte car le nombre de personnes en état d’ivresse est particulièrement important…
Les décès et les hospitalisations liés à l’abus d’alcool sont nettement supérieurs dans les DROM (hors Mayotte) que dans l’Hexagone. "La Réunion a le taux le plus important pour l’enregistrement de personnes en état d’ivresse dans les services d’urgence. Nous sommes aussi la deuxième région en terme de mortalité lié à l’alcool", confirme le Dr. Mété, chef du service addictologie du CHU Nord.
"Les addictions ne sont pas traitées en priorité alors qu’elles sont en augmentation", conclut le docteur. Il regrette que l’alcool continue d’être vendu à des prix dérisoires sur l’île. Dans une étude publiée par l’INSEE le 4 mai 2021, on apprend qu’un Réunionnais sur dix s’estime en mauvaise ou très mauvaise santé en 2019, et ce, notamment à cause de la consommation d’alcool fort.